En pleine refonte, le système d’assurance prospection, autrefois géré par la Coface aujourd’hui géré par BPI, évolue dans sa façon d’appréhender les dossiers, car il est aujourd’hui géré par un établissement bancaire et non plus par un organisme d’assurance.
La 1ère conséquence est le respect strict des règles de conformité à la LCBFT de lutte contre le terrorisme et la corruption pour lequel BPI se veut être totalement exemplaire. Dans tous les dossiers dorénavant BPI devra connaître les actionnaires personnes physique qui sont derrière tout actionnaire de l’entreprise possédant plus de 20% du capital.
Rien d’extraordinaire à cela me direz vous, sauf que cela peut devenir complexe quand l’actionnaire est étranger et qu’il y a plusieurs holdings en cascade. Un comité de conformité a donc été constitué chez BPI pour traiter les dossiers qui arrivent en anomalie et qui sont visiblement très nombreux, car les chefs d’entreprises ne sont pas encore habituées a des procédures aussi strictes. Résultat si jamais votre dossier n’est pas parfait depuis le départ, il risque de tomber dans un engrenage de décision qui peut être assez long, d’ou la nécessité de bien préparer ses dossiers.
La bonne nouvelle vient de l’élargissement des dépenses prises en compte, qui peuvent dorénavant intégrer les prestations d’externalisation des forces de ventes à l’étranger. C’était une demande de longue date des Opérateurs privés en commerce extérieur, c’est maintenant chose faite, la Direction Générale du Trésor a pris la décision de traiter désormais les prestations d’externalisation des forces de vente export (portage salarial, domiciliation, forces commerciales externalisées en France et à l’étranger) exactement comme les dépenses d’embauche de personnel export en supprimant leur plafonnement à 50% du montant total garanti dans le cadre d’une assurance prospection. En clair les prestations d’externalisation sont désormais déplafonnées, tandis que les prestations de conseil export restent soumises au plafond de 50%. Les frais de déplacement des personnels externalisés sont désormais éligibles et déplafonnés.
Beaucoup d’entreprises utilisent aujourd’hui cette forme de présence à l’étranger qui évite de monter des filiales, mais qui donne l’illusion aux clients d’être local. Les PME vont donc pouvoir bénéficier dès maintenant de cette mesure.
« C’est peut être aussi la seule solution professionnelle en France pour une PME qui, du fait de sa taille, n’a pas les moyens de constituer son service export » explique François Coulin, Vice Président de l’OSCI et Dirigeant de Marex, « Un responsable export, grand voyageur, avec une assistance export trilingue c’est au minium 200 000 euros par an. C’est donc un investissement à perte tant que l’on ne réalise pas 2 ou 3 M€ de CA export par an pour amortir ce coût. L’externalisation de la force de vente export diminue très fortement cet investissement pour le diviser par deux voir par trois ce qui rend la conquête des marchés export à nouveau possible pour une PME, en proportionnant son investissement à des objectifs plus réalistes »
C’est une véritable piste à creuser pour faciliter des PME françaises qui peinent à se lancer durablement dans l’aventure. Si Marex est l’entreprise la plus significative sur ce sujet, c’est aujourd’hui plus d’une quarantaine de structures de ce type qui ont fait une demande de labélisation auprès de la BPI.
Quel est le devenir de la procédure à l’aune des coupes budgétaires ?
C’est la question qui reste ouverte si les arbitrages ne sont pas encore fait, beaucoup s’inquiètent du montant alloué par rapport aux ambitions françaises de conquête de marchés internationaux. Il se dit que la diminution budgétaire pourrait être drastique en 2019, ce qui fera forcément évoluer les arbitrages et les montants alloués.
Le problème viendrait aussi de l’avance de trésorerie intrinsèque à la nouvelle procédure qui n’est pas réglée dans son financement entre la BPI et Bercy. Le second semble rechigner à donner les financements de trésorerie correspondant à la réforme qui a été instituée. Les prochaines semaines vont donc être agitées … en espérant que le bon sens soit le moteur de l’action, car plus que jamais les entreprises françaises ont besoin de soutien sur ce sujet.