Si Atos a choisi d’installer un centre important au Sénégal ou si Orange a créé sur place un incubateur ce n’est pas un hasard. Le numérique pousse fort au pays de téranga.
Le Sénégal cherche maintenant à devenir une référence régionale, voire d’Afrique francophone. Philipe Cordier, le Président du Cabinet Conseil Ceemo, fin observateur depuis 30 ans des affaires au Sénégal, est formel, c’est l’un des secteurs d’activité ou les opportunités seront les plus fortes pour les entreprises européennes.
«On est à la croisée de facteurs favorables » explique Philippe Cordier, « le 1er est la qualité du tissu et des compétences. On a aujourd’hui une main d’œuvre de très grande qualité ainsi que beaucoup de start-up de très bon niveau. En même temps on a un secteur qui est sous structuré ce qui va offrir des opportunités qui vont s’accélérer dans les prochains mois post covid. C’est donc le bon moment pour entreprise européenne de s’y positionner. »
Avec 13,5 millions d’abonnés Internet sur 4 fournisseurs d’accès Internet, le Sénégal est un des bons élèves de l’Afrique pour l’accès au Numérique. Connecté majoritairement grâce à aux mobiles. On parle d’un taux de pénétration énorme, car sur un peu plus de 16 millions d’habitants au Sénégal on est passé d’un taux de pénétration de 58,20% fin 2018 à 83,47% fin mars 2020.
Le secteur des TIC 8,7% du PIB.
Le secteur digital est caractérisé par son dynamisme et son importance, « la part du secteur des TIC dans le PIB est passée à 8,7% en 2016 » reprend Philippe Cordier, « en dehors des grands Français on trouve quelques belles réussites locales comme Neurotech, Gaïnde 2000 ou In Touch. Cela montre que le Sénégal peut faire naître des pépites. »
Si le Sénégal a de vraies compétences, avec une qualité de formation reconnue il reste du chemin à parcourir. « On a au Sénégal un vrai problème de business développement et des entrepreneurs du secteur qui sont souvent trop petits et trop peu diversifiés. C’est donc l’heure des alliances et des projets. Je pense que le secteur va fortement évoluer dans les prochains mois», reprend Philippe Cordier. « Xavier Niel qui a investi fortement en lançant Free au Sénégal devrait continuer à investir en y implantant un clone de l’Ecole 42. »
« Les entreprises sénégalaises sont également présentes en Afrique de l’Ouest. Pour certaines c’est plus du 80 % de leur chiffre d’affaires dans l’ingénierie logicielle, les services web, les services mobiles, les conseils et stratégies en matière de système d’information, les téléservices, la formation. »
Le parc technologique de Diamniadio
Les investissements de l’État du Sénégal ont été importants notamment dans les infrastructures. Par exemple, le Parc des Technologies Numériques du Sénégal avec l’aménagement de 25 hectares sur le pôle urbain de Diamniadio, la ville nouvelle proche de Dakar.
« Ce parc devrait constituer une plateforme de classe internationale pour l’innovation et le développement de services numériques. C’est l’un des plus gros investissements récents initiés par le gouvernement. Il vise à positionner le Sénégal comme leader du numérique et des industries créatives dans la sous-région ouest-africaine. » Le Coordonnateur du projet, Bassirou Abdoul BA a récemment assuré tenir les délais de livraison pour la fin 2021.
Au niveau de l’administration le Digital fait son entrée en force grâce à la mise en œuvre du Plan Sénégal Émergent dont l’objectif était de réduire la fracture numérique en permettant aux services des impôts, de la douane et du trésor, d’entamer un processus vers le e-services.
Du côté du secteur privé sénégalais le digital est encore peu présent, « la faiblesse des TIC dans les entreprises pousse à des demandes de cotation auprès des opérateurs de la place. En effet, l’application des mesures de couvre-feu et les limitations de déplacements ont servi de révélateur et ont contraint les entreprises à une organisation spécifique, mais la mise en œuvre du télétravail a rencontré ses limites notamment dues à un manque de déploiement des outils. »
Philippe Cordier pense que les services Digitaux vont fortement croître dans les 3 prochaines années au Sénégal notamment dans l’agriculture (drones et services en ligne), dans le mobile banking et l’inclusion financière ou de nombreuses choses restent à faire et dans la e-santé qui est une source de réduction de la fracture d’accès aux soins.
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