La France n’avait pas eu de Ministre du Commerce extérieur depuis Nicole Bricq en 2012, alors que tout le monde est d’accord sur les enjeux qu’il représente et sur le déficit abyssal qu’il faut résoudre.
Tout l’écosystème du commerce extérieur le réclamait, il fallait un Ministre de plein exercice, c’est aujourd’hui chose faite avec Franck Riester. Il arrive en temps que Ministre délégué comme l’a été Christine Lagarde en son temps, ce qui est un bon signe.
C’est un moment difficile, car il y a urgence en la matière, les exportations ne décollent pas et le nombre des exportateurs baisse et va diminuer de façon drastique avec la crise du Covid, puisque selon l’enquête menée par les Chambres de Commerce ce sont plus de 30% des exportateurs qui vont mettre l’international en stand-by pendant la crise. La tâche est donc lourde.
A 39 ans Franck Riester est un précoce de la politique puisqu’il a été élu dès l’âge de 21 ans, Député, Maire de Coulommiers, ancré dans une droite centriste il a rallié LREM au lendemain des élections présidentielles. Un parcours Ecole de Commerce, un père concessionnaire automobile dont il a hérité, l’entreprise ne lui est pas étrangère. C’est déjà un point positif.
Interrogé sur le cette nomination, Alain Bentejac, le Président des Conseillers du Commerce Extérieur de la France, se félicite aussi de cette nomination pas vraiment attendue. « L’exportation doit être au coeur du plan de relance qui va être annoncé par le gouvernement » déclare Alain Bentejac, « elle doit être une priorité nationale et pour cela il faut un vrai porte-parole qui ait la capacité politique de peser sur le sujet. Il faut aussi un arbitre sur les grands sujets des accords internationaux comme le CETA, dont le débat sans fin est nuisible au commerce. Nous allons être dans un moment de concurrence accrue, car tout le monde a besoin de plus d’affaires pour fonctionner. C’est vrai pour les entreprises, c’est vrai pour l’attractivité de la France. Dans un marché plus féroce il faut à la France une politique forte et se doter des meilleurs atouts. L’Italie a voté un plan de 1,4 Milliards pour aider ses exportateurs ! Nous devons être à la hauteur des enjeux pour nos entreprises ! »
La politique française en matière d’exportation ces deux dernières années a principalement été orientée autour de la refonte de ses organismes d’appui : Business France, Chambre de Commerce, BPI. C’était surement une nécessité, mais cela ne conduit en rien à une politique orientée vers l’entreprise. L’enjeu de Franck Riester va être de se préoccuper des acteurs économiques : les entreprises, pour créer les conditions d’un investissement plus grand et plus durable sur les marchés internationaux. Les idées ne manquent pas … mais les solutions ne viendront pas de la performance des organismes publics.
Il va falloir être plus ambitieux et avoir un porte-parole politique sur le sujet de l’exportation ne peut être qu’un accélérateur. Soyez le bienvenu, Monsieur le Ministre.