On va mettre le paquet pour relancer l’export en France
Depuis quelques mois Franck Riester est devenu Ministre délégué au Commerce Extérieur dans le gouvernement Castex. Cela fait plus de 10 ans qu’en France nous n’avions pas eu de Ministre en titre pour le commerce extérieur et l’attractivité. Franck Riester nous a accordé l’une de ses 1ères interviews après sa prise de fonction, dans un contexte extrêmement compliqué avec des entreprises exportatrices Françaises qui ont subi la fermeture des frontières et dont plus de 60% déclarent une baisse très importante de leur CA export pour 2020.
Sur le sujet de la création d’un Ministère à part entière pour le commerce extérieur et l’attractivité, Franck Riester est offensif « N’oublions pas que l’exportation représente 30% de notre PIB, il est donc essentiel de conserver nos parts de marchés. Cela montre bien l’importance que le 1er Ministre et le Président de la République attachent à l’exportation de nos entreprises et à l’attractivité de notre territoire ».
A l’entendre, le nouveau Ministre est très à son aise dans le commerce extérieur qui est un sujet qu’il connait bien. Diplômé d’école de commerce il a fait une partie de ses études à l’étranger et même s’il n’est plus opérationnel, il est le principal actionnaire d’une importante entreprise dans le secteur de la distribution automobile. Les problèmes de développement économique, il connait bien. « En plus d’être chef d’entreprise, J’ai été aussi maire une dizaine d’années ce qui me donne une bonne vision du développement local des problèmes des entreprises et de l’intérêt de l’attractivité du territoire. »
« Je suis convaincu que l’exportation et l’attractivité des territoires passent par les régions. Regardez ce que le gouvernement a réalisé depuis 3 ans avec succès : la Team France Export en regroupant BPI France, Business France et les CCI sous l’égide des régions, nous avons fait une réelle avancée. »
Une vraie place pour les acteurs privés du commerce international
Franck Riester souligne le rôle clé que doivent jouer les régions, et défend l’idée de les accompagner. «On doit leur donner les clés et ne surtout pas faire à leur place, si certains pensent que l’Etat est le seul à pouvoir agir à l’exportation ils se trompent ! »
L’objectif du nouveau Ministre est de fédérer. « J’ai créé un poste spécifique dans mon Ministère pour mieux impliquer les acteurs privés : les fédérations professionnelles, les opérateurs, les organismes consulaires qui doivent avoir une vraie porte d’entrée directe. C’est un signal fort que je veux envoyer aux acteurs privés de la compréhension de la problématique qu’ils peuvent avoir aujourd’hui de leur intégration dans la stratégie nationale de l’exportation.
Un plan de relance pour l’export
Le déficit du commerce extérieur va peut-être atteindre les 100 milliards d’euros cette année, ce qui rend la tâche de son Ministère particulièrement ardue. Le plan de relance s’est mis en place début septembre, il a bien sûr un volet exportation. « La baisse des charges de production qui a été annoncée par Bruno Le Maire et le Président de la République est en elle-même un facteur de compétitivité pour nos entreprises à l’international. »
« En créant un poste de Ministre le gouvernement indique clairement qu’il compte mettre le paquet sur l’accompagnement des entreprises à l’international. » Franck Riester veut lever les freins, être plus réactif, mettre tout son poids politique pour débloquer des situations.
De l’argent va donc être injecté au profit des entreprises exportatrices. « Nous allons muscler l’assurance prospection » indique Franck Riester. « C’est un dispositif phare pour les Pme-Pmi. Nous allons aussi renforcer le dispositif VIE (Volontaire International en Entreprise), pour envoyer plus de jeunes à l’étranger au profit de nos entreprises. »
Au 15 juin, 1300 VIE ont été envoyés à l’étranger, principalement en Europe, ce qui dans la conjoncture actuelle est plutôt une bonne performance. « Nous allons mettre la priorité sur cette mesure, car elle correspond aussi aux promesses du gouvernement sur l’emploi des jeunes. Pour cela nous comptons assouplir le VIE en permettant aux entreprises qu’il passe plus de temps en formation en France dans les entreprises, avant de l’envoyer à l’étranger. »
Franck Riester a réuni le conseil stratégique à l’export que préside Jean-Yves Le Drian fin juillet pour poser sur la table les grands axes de la relance. Ces axes tournent autour de la projection des entreprises à l’international notamment par les salons avec des moyens supplémentaires donnés pour l’appui aux entreprises. Pour le VIE comme évoqué précédemment, mais aussi sur la communication pour valoriser la marque France et les entreprises françaises sur les marchés internationaux.
La France est le pays le plus attractif d’Europe
L’autre volet de son ministère est l’attractivité. De ce côté le bilan français est très flatteur puisque la France a été le pays le plus attractif d’Europe en 2019 en matière d’investissements étrangers. «Nous allons regarder les dossiers qui sont en cours pour les faire avancer et régler les problèmes et accélérer les investissements. » Depuis quelques semaines 78 sites industriels nouveaux ont été labellisés en France, ce qui pour Franck Riester est un message fort envoyé aux investisseurs étranger : partout en France il y a des lieux qui peuvent accueillir des entreprises.
« Nous souhaitons aller plus loin et créer une Team investissement France pour rassembler et fédérer les acteurs sur les territoires, je pense que pour la partie investissement comme pour l’export nous pouvons gagner en efficacité.
Lever les freins
Le leitmotiv de Franck Riester semble être le pragmatisme et l’efficacité. Plusieurs fois dans l’entretien, il a insisté sur son intention de solutionner concrètement les problèmes là ou cela grippe, « lever les freins » … Une volonté d’être à l’écoute et de ne pas se couper des réalités.
Cette vision de chef d’entreprise va être soumise à l’épreuve du temps et on saura rapidement si elle va résister à la puissance de son administration.
Tiraillé par une double influence : entre la DG Trésor et le Ministère des Affaires étrangères il ne va pas être facile de garder un cap.
On attendra avec impatience les arbitrages du Plan de relance pour l’exportation qui semblent se présenter de façon positive mais que l’on espère plus orientés vers les entreprises que vers le renforcement des moyens des acteurs publics… dont le rôle n’a jamais été de faire signer des bons de commandes pour les entreprises.