Jean Yves Le Drian n’a pas mâché ses mots lors de son déplacement au Liban le 24 juillet dernier, il a fait la leçon a un gouvernement libanais englué dans des querelles internes.
Le Liban traverse sans doute une des pires crises de son histoire. Politique tout d’abord avec une instabilité nuisible et des affaires de corruptions à répétitions. Economique ensuite avec une inflation galopante, même les produits de première nécessité sont devenus inabordables et la population est à bout. La livre libanaise a été divisée par 5 depuis octobre. Dans ce contexte Jean Yves Le Drian est venu faire la leçon et dans la droite ligne de ce que le FMI avait dit il y a quelques semaines, il a affirmé clairement que l’aide internationale et l’aide de la France seraient dorénavant conditionnées à la réforme des pratiques et à la mise en place de mesures concrètes.
« Le pays est au bord de l’abîme si des actions ne sont pas réalisées » a expliqué Jean Yves Le Drian, « Chacun connaît le chemin à prendre et la France est prête à accompagner sur ce chemin, sous réserve que des actions soient menées par les responsables ».
Les trois grandes exigences de la France pour débloquer l’aide internationale, sont : l’audit de la Banque du Liban, réformer le secteur de l’électricité, assurer des lois sur la transparence et l’indépendance de la justice. « Ce sont les exigences de la France et je crois avoir été entendu », a déclaré M. Le Drian.
La France a donc joué son rôle de partenaire historique et Jean Yves Le Drian n’est pas venu les mains vides en annonçant une aide spéciale de 50 millions d’euros qui sera plus particulièrement fléchée sur la santé et l’éducation. Mais il a bien indiqué qu’aucun fond ne sera versé tant que le Liban n’aura pas mis en place les mesures nécessaire. « Des actes concrets sont attendus depuis trop longtemps », a insisté le ministre français, ne faisant preuve d’aucune indulgence à l’égard des responsables libanais.
Reste que la négociation avec le FMI n’avance pas depuis plusieurs mois notamment pour des problèmes de gouvernance et de contrôle. Beyrouth espère obtenir environ 10 milliards de dollars du FMI. Cette aide est cruciale pour les autorités car elle pourrait aider à rétablir la confiance des créanciers. Et permettre de débloquer 11 milliards de dollars promis en 2018 lors d’une conférence de soutien au Liban parrainée par Paris.
La présence de Jean Yves Le Drian servira sans doute de déclencheur ce qui pourrait avoir pour effet d’accélérer la sortie de crise pour le Liban qui a encore aujourd’hui un rôle stratégique dans la région et face à l’Iran.