En santé florissante, le groupe reste néanmoins en forte alerte sur la montée des risques liés aux tensions internationales mais aussi à la mutation mondiale du grand commerce.
Avec une présence dans 150 pays, 80 filiales dans le monde et plus de trente usines hors de France, SEB surveille comme le lait sur le feu ses risques au plan international. Coté risque politique, le groupe d’électroménager qui aligne pourtant les résultats historiques comme l’ensemble du monde des affaires se dit assez « inquiet » des différends commerciaux entre les Etats-Unis et la Chine ou encore des tensions au Moyen-Orient. Pour autant, il n’a pas de couverture globale du risque souverain.
« Une part de ce risque est couverte indirectement par nos garanties d’assurance crédit, souscrites auprès de deux acteurs majeurs dans le domaine», indique Anne-Claire Péchoux, responsable assurances du groupe SEB et membre de l’AMRAE. Client de longue date de la Coface, le groupe travaille aussi avec Euler Hermes, car sur certaines zones, la Coface parvenait en limite de capacités.
D’une manière générale, « nous avons un partenariat très fort avec nos assureurs crédit, pointe Emmanuel Arabian, VP Group Finance and Treasury et administrateur de l’AFTE. Au-delà des couvertures offertes, ils nous aident beaucoup à valider nos informations ou analyses et à anticiper les risques ».
Coface avait ainsi, à raison, attiré l’attention de SEB sur la situation de la chaîne américaine de magasins Sears avant sa faillite fin 2018. A ce titre, la mutation accélérée de la distribution au plan mondial du fait de la disruption causée par l’e-commerce fait partie des risques importants identifiés par le groupe, comme en témoigne, aussi, la déconfiture de l’enseigne Conforama et de sa maison mère, le sud-africain Steinhoff.
Pas de couverture crédit en Chine
A noter qu’en Chine, premier marché mondial de Seb grâce à sa filiale Supor, le groupe ne se couvre pas pour le risque de crédit. Ceci en raison d’une spécificité de l’ex-Empire du milieu : les délais de paiement y sont courts et les possibilités d’escompte assez répandues.
D’une manière générale, SEB organise en interne une cartographie de ses risques régulièrement repassée en revue. Le groupe dirigé par Thierry de La Tour d’Artaise a opté pour une organisation duale : les risques financiers sont traités par la direction financière, alors que les autres types de risques sont suivis par la direction juridique avec un large programme couvrant, hors vie, les dommages, y compris à l’environnement, la responsabilité civile, les dirigeants (RCMS), le risque cyber, etc… SEB s’appuie pour cela sur un courtier, Gras Savoye, avec une mise en concurrence tous les cinq ans à travers un « appel d’offres conceptuel » sur la stratégie de management du risque.
A ce stade, SEB n’a pas de « captive », mais au vu des tensions croissantes, ce sujet pourrait être étudié au sein du groupe afin d’internaliser certains risques », note Anne-Claire Péchoux.
« La force de Seb est d’avoir une base industrielle large, ce qui est un moyen d’étaler nos risques. Si il y a, par exemple, demain un souci majeur sur un pays, nous avons possibilité de réorienter nos productions. Nous veillons aussi à avoir une base de fournisseurs assez large pour les mêmes raisons», complète Emmanuel Arabian.
Du coté des grands dommages, pour la période en cours, la tension générale sur le prix des primes est le fait majeur constaté par SEB comme la plupart des entreprises.
« Le marché est devenu un marché d’offreurs, car la réassurance a durci ses conditions en raison notamment d’une forte sinistralité au plan international. Il y a eu des augmentations de prix parfois à deux chiffres. La période est rude pour les risk managers», estime Anne-Claire Péchoux.
Ayant renouvelé ses garanties en juin 2019, SEB a pu échapper pour l’instant à ces hausses de primes. « Cette situation incite à développer encore d’avantage au sein du groupe la culture du risque et les programmes de prévention qui est déjà très forte», conclut Emmanuel Arabian.
Chiffre clés
SEB a réalisé un bénéfice net record de 418 millions d’euros en 2018 (+11,8%) pour un chiffre d’affaires de 6,81 milliards d’euros en hausse de 5,1%. Le groupe emploie près de 33 000 salariés. Ses bons résultats se sont confirmés sur 2019 avec un chiffre d’affaires en hausse de 10,5% sur 9 mois et des marges qui ont suivi.
Pierre-Olivier ROUAUD
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