Pour l’Amrae qui organise début février ses rencontres annuelles, dans un monde de moins en moins lisible et où les assureurs deviennent plus frileux, le risk management doit revenir au cœur de la gestion des entreprises.
« Le grand retour du risque politique »…. c’est ainsi que Brigitte Bouquot, présidente de l’Amrae (Association pour le Management des Risques et des Assurances de l’Entreprise) qualifie l’année 2019 comme celle qui vient de s’ouvrir. Une réflexion qui sera, sous le titre « Risque(s) en puissance(s) », au cœur des 28ème Rencontres du risk management qu’organise l’Amrae du 5 au 7 février à Deauville, avec la présence de nombreuses personnalités, dont l’ancien Premier-ministre, Bernard Cazeneuve.
Le monde dans lequel évolue les entreprises est traversé par trois grandes mutations, analyse Brigitte Bouquot : la transition énergétique, climatique et démographique, la puissance inédite de la technologie, Gafa en tête, et enfin une grave crise de confiance sur les modèles économiques. Cette crise qui traverse les sociétés humaines, et oppose parfois les générations, s’est traduite en France notamment par les Gilets jaunes. Elle interpelle aussi fortement les entreprises « en dépit de leurs efforts importants ces dernières années en terme de RSE », selon Brigitte Bouquot.
Dans ce contexte, alors que les groupes sociaux se retournement vers les Etats, et cherchent une forme de nouveau contrat social « on constate qu’au lieu d’apaiser les tensions, les grandes puissances se mettent à créer du risque », déplore Brigitte Bouquot, par ailleurs directrice des assurances et de la gestion des risques chez Thales. C’est ce qu’illustrent d’innombrables exemples, comme la violente guerre commerciale Chine-USA déclenchée par Donald Trump, la saga du Brexit ou encore les événements de Hong Kong.
A cela, s’ajoutent un fait macroéconomique majeur, à savoir la persistance des taux bas qui déstabilise le monde de l’assurance et accroît sa« frilosité » au risque.
« Fort de ce constat, les entreprises doivent s’interroger sur leur capacité à porter en interne d’avantage de risques, et donc redéfinir en profondeur leur approche et la gestion du risque », juge Brigitte Bouquot. Ce qu’illustre, par exemple, la réflexion entamée dans beaucoup d’entreprises, des grands groupes mais aussi des ETI, sur la création de sociétés captives d’assurance à même de mutualiser les risques en leur sein.
« Le risk management redevient un élément central de la gestion des entreprises de toutes tailles », conclut Brigitte Bouquot. En ce sens, pour sensibiliser les PME et ETI à ces sujets, l’AMRAE a lancé fin 2018 en collaboration avec le Medef territorial des Deux Sèvres, un outil de diagnostic en ligne intitulé « Ma carto des risques » (www.macartodesrisques.fr). Gratuit, neutre, sans engagement, cet outil permet en deux heures à tout chef d’entreprise de cerner ses risques et d’envisager un plan de prévention. A ce jour, 3 000 chantiers ont été ouverts, et 200 diagnostics complétés.
Pierre-Olivier Rouaud
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