Après les crises de 94-98-2002 … 2018, la Turquie se relève avec une économie qui semble à chaque fois se renforcer. Le pays pourrait être la surprise des prochaines années au niveau économique, si la conjoncture internationale le permet.
« Il faut bien remarquer qu’à chaque fois les crises turques sont dues à des évènements extérieurs ou à des condamnations sur la scène internationale » explique Ilker Onur, le patron du cabinet Advantis et correspondant du Medef International en Turquie. « La plus grande force de la Turquie c’est ses entreprises ! A la fois par la puissance de ses grands conglomérats, mais surtout grâce aux dizaines de milliers de petits entrepreneurs qui représentent 60 à 65% de l’économie en Turquie. »
Le CEO d’Advantis pense que la Turquie sera au-dessus des 3% de croissance cette année, « l’inflation va sans doute passer en dessous des 12% voire même atteindre 10%. Les réformes économiques en cours vont de pair avec de grands projets comme le canal d’Istanbul ou les ponts … Le système financier turc s’est assaini, il est, contrairement à il y a 15 ans beaucoup plus solide et les grandes banques ont une analyse assez optimiste de la croissance en 2020. »
Les facteurs d’incertitudes à surveiller
« Le 1er facteur à surveiller est lié à la situation géographique de la Turquie ; avec comme voisins l’Irak et l’Iran on est dans une région qui est complexe même si le Président Erdogan a bien manœuvré en créant une sorte de corridor de sécurité pour se protéger avec l’Irak. Mais on a aussi les relations avec la Libye et les relations avec les USA qui sont toujours imprévisibles et qui peuvent avoir des répercussions sur le taux de change Livre -$ »
Le gouvernement turc a mis en place une politique offensive d’incitation aux exportations notamment pour exporter en devises et ainsi se prémunir des variations.
Les secteurs porteurs pour les entreprises françaises
Pour Ilker Onur, un des 1ers secteurs porteurs est la santé et le médical « surtout dans les dispositifs ou dans les technologies : la Turquie doit se mettre à niveau et les besoins sont énormes. » Le 2ème challenge de la Turquie est autour de l’agriculture et de l’élevage. « La Turquie a du retard et doit se mettre à niveau dans ce secteur. Non pas dans le matériel ou les tracteurs, mais dans les technologies et les pratiques. »
Bien sûr « il ne faut pas sous-estimer la capacité industrielle turque qui est très forte. Par exemple dans le secteur automobile on a présenté la première voiture électrique presque 100% turque, pour un pays comme la Turquie c’est extrêmement significatif de la capacité de ses sous-traitants et industriels. »
« La ville durable sera le 3ème enjeu de taille pour le gouvernement turc qui a des ambitions fortes sur ce sujet et une pression populaire notamment dans les grandes villes qui l’oblige à réagir. Tout le savoir-faire français sur ce sujet sera donc le bienvenu. »
On surveillera donc en Turquie les relations extérieures et les prises de position de son président par rapport à ses voisins. On regardera avec attention le traitement social dans le pays, car avec un taux de chômage de 14% il faut toujours être vigilant, mais selon Ilker Onur on est dans un très bon moment pour se positionner et être plus offensif sur ce marché qui est en phase de reprise et de cycle économique ascendant.
Marc Hoffmeister
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