L’Union européenne prévoit de consacrer près de 250 millions d’euros dans des projets énergétiques ou digitaux ces prochaines années dans ce pays de 590 habitants. Les opérateurs privés Vinci ou A.P. Moller Capital y investissent, eux aussi, massivement.
Banco pour le Cap-Vert! L’Union européenne prévoit d’investir d’ici à cinq ans près de 246 millions d’euros dans plusieurs projets en matière de production et d’efficacité énergétique, de transports durables ou de connectivité numérique.
Ces financements doivent doper l’économie et la compétitivité du pays situé à 600 km à l’ouest des côtes sénégalaises et qui compte neuf îles habitées. Ils s’inscrivent dans le cadre de la stratégie « Global Gateway » et ont été annoncés le 24 octobre dernier à Bruxelles conjointement par Ursula von der Leyen, présidente de la Commission et le Premier ministre capverdien, Ulisses Correia e Silva. Cette enveloppe reprend certains engagements récents déjà annoncés.
A ce titre, la Banque européenne d’investissement a annoncé au printemps un financement de 32 millions d’euros pour soutenir la connectivité numérique et l’opérateur Cabo Verde Telecom SA. Ce prêt doit couvrir la moitié du coût d’un programme chiffré à 64 millions d’euros qui comprend un investissement dans des câbles sous-marins et divers raccordements.
Plus récemment, la BEI a mis à l’examen un prêt d’environ 120 millions d’euros, destiné à couvrir la majeure partie du plan directeur du secteur de l’énergie. Celui-ci, dont le coût total est estimé à 160 millions d’euros, vise à réduire fortement, le recours aux énergies fossiles pour la production d’électricité (82% en 2021, selon l’Irena). Outre divers moyens de production renouvelables (éolien, solaire…), ce programme pourrait inclure une station de pompage turbinage (STEP) de 20 MW utilisant l’eau de mer.
En Europe, il n’y a pas que les institutions de l’Union qui s’intéressent à l’archipel ouest-africain comme en témoignent deux projets récemment entrés en phase active.
Le premier est le PPP de la quasi-totalité des aéroports du pays, soit sept sites, emporté en 2022 par Vinci et qui s’accompagne d’un vaste programme de modernisation. Le groupe français, avait gagné la concession dans le cadre d’un accord de gré à gré avec le gouvernement capverdien, annoncé début mai 2022 puis signé peu après. Après la levée de diverses conditions suspensives, Vinci Airports a commencé ses opérations fin juillet dernier.
Répartis sur l’archipel, ces aéroports ont, en 2022 vu défiler 2,2 millions de passagers (y compris le trafic inter île), soit 80 % environ de leur niveau de 2019. « Le Cap-Vert présente un potentiel de développement solide« , selon Vinci Airports. La première phase du plan de modernisation est estimée à 135 millions d’euros par la Société Financière Internationale, (Banque mondiale). Celle-ci va avec Proparco et DEG (coopération allemande) accorder un ensemble de prêts « verts » sur 20 ans (« Sustainability Linked Financing ») de 60 millions d’euros à Vinci pour ses investissements capverdiens.
La bonne exécution de cette concession aéroportuaire est cruciale pour le Cap-Vert. Le tourisme devient, en effet, un constituant essentiel de son économie. Juste avant la pandémie en 2019, le nombre de touristes avait atteint 820 000 en 2019 (contre 336 000 en 2010), mais ce chiffre a plongé à 180 000 en 2020, au plus fort de la crise sanitaire.
Le gouvernement d’Ulisses Correia e Silva a fixé un cap de plus de 1 million de touristes par an en 2026.
De son côté, dans un autre domaine, le fonds AP Moller Capital, lié au groupe maritime du même nom, va soutenir le plan d’investissement éolien du producteur électrique Cabeolica dont il a acquis 44% du capital en 2021. Celui-ci prévoit l’accroissement de capacité à hauteur de 13,5 MW du champ de Santiago (Praia) qui développe aujourd’hui 9,5 MW. Par ailleurs, l’investissement dans deux sites de stockage par batteries d’un total de 15 MW est aussi en projet.
Globalement, le Cap Vert devrait connaître une croissance de son PIB de 4,4% cette année, puis 5,7% en 2024, estime le FMI, après +3% en 2021 et une forte chute (14,8%) en 2020 pendant la pandémie. Le pays souffre cependant d’une lourde dette publique (environ 150% du PIB) notamment auprès de l’Etat portugais et de banques lusitaniennes. A ce titre, le gouvernement portugais a proposé en janvier 2023, de convertir 12 millions d’euros de dettes détenues par Lisbonne en projets environnementaux, dans un mécanisme inédit de type « Debt-for-nature swap* ». En juin dernier, les deux parties ont prévu d’étendre ce mécanisme à la totalité de la dette capverdienne détenue par le Portugal avec comme échéance 2025.
*Les échanges dette-nature sont des transactions financières dans lesquelles une partie de la dette extérieure d’un pays en développement est annulée en échange d’investissements locaux dans des mesures de conservation de l’environnement