INTERVIEW D’OLIVIER ANDRETIC
DIRECTEUR EXÉCUTIF DES PARTENARIATS DE BUSINESS FRANCE
La nouvelle plateforme digitale du dispositif public d’appui à l’international sera régionale et orientée vers les besoins clients. Plus de 2 millions d’euros ont été consacrés à sa création. Olivier Andretic, Directeur exécutif des Partenariats de Business France qui pilote cette nouvelle plateforme nous en donne les ressorts et espérances.
Lancée en juin dernier par Edouard Philippe, la Team France Export est la nouvelle organisation proposée par le dispositif public de déploiement à l’international.
Elle rationalise le rôle de chacun : Business France, CCI, BPI … et prévoit la mise en place d’outils communs pour un meilleur suivi des entreprises dont une nouvelle plateforme digitale, une sorte de marketplace de l’offre du dispositif public à l’international et de l’écosystème de l’exportation en France.
« C’est le pendant digital de l’organisation humaine qui existe dans la Team France Export » explique Olivier Andretic, « Team France export ambitionne d’offrir un coach « humain » a plusieurs dizaines de milliers d’entreprises dans les territoires France. Étant entendu qu’on ne peut pas traiter chaque entreprise, on a doublé le dispositif d’un outil digital multirégional qui devient le coach digital de l’entreprise et qui permet de sensibiliser les entreprises à l’export, de trouver les solutions qui s’offrent à elles, que ce soit dans le dispositif public comme dans le dispositif privé, pour lui apporter des solutions. » Business France, en créant la plateforme, s’est concentré sur les primo exportateurs ou sur les exportateurs irréguliers. « Ça ne veut pas dire que les autres ne peuvent y trouver des informations pertinentes, des adresses ou des conseils, au contraire, mais cela explique que les 1ers contacts avec la plateforme soient les parcours pédagogiques.»
Plusieurs parcours sont disponibles sur la plateforme, le 1er est le contenu pédagogique sous forme de podcasts, tutoriels ou vidéos pour décrypter les fondamentaux de l’export. « La 1ère vertu est de faire comprendre à l’entreprise l’écart, ou non, qui lui reste à parcourir pour être totalement opérationnelle sur un aspect du commerce international. »
Toutes les rubriques sont très opérationnelles et orientées non pas sur les acteurs, mais sur les questions de chefs d’entreprise.
On a un parcours « actualité » depuis le mois d’octobre, on parlera de « compte entreprise» à partir du mois de décembre … » La création du compte entreprise va être une véritable étape en janvier prochain, car elle va permettre la personnalisation de la plateforme en fonction de son utilisateur « on pourra adapter les contenus, proposer des actualités sectorielles. Le profiling est déjà possible, mais de pouvoir le mémoriser et l’enregistrer en base permettra toutes sortes de nouvelles fonctionnalités.»
Ce n’est pas une, mais quatorze plateformes qui ont été réalisées, car elles sont toutes régionales. Le 15 mai un pré lancement a été fait en Normandie et Auvergne- Rhône-Alpes pour ensuite être déployé au mois de juin sur les 12 autres régions. « On a aujourd’hui 50 000 visites de la part de 45 000 visiteurs uniques et 230 000 pages vues sur la plateforme » reprend Olivier Andretic, « avec une accélération très forte, on a triplé le visitorat depuis le mois de septembre. »
« Le visiteur reste en moyenne 7 minutes par visite là ou sur le web c’est généralement plutôt 2 minutes, ce qui montre que l’on ne s’est pas trop trompé sur les contenus pédagogiques. Aujourd’hui on est sur un trend de 3000 visites par semaine qui devrait s’accélérer encore dans les prochains mois. »Le deuxième parcours qui a été travaillé par Business France est le parcours « 1ers conseils » ou pour une cinquantaine de secteurs d’activités « on a mis en ligne des panoramas sectoriels et des fiches marchés. »
DES FONCTIONNALITÉS PRATIQUES
« On a porté une attention particulière à l’agenda qui est à la fois très complet et qui rassemble les agendas de tout le monde, ce qui est plutôt une 1ère dans un dispositif souvent morcelé : ce qui le rend très intéressant car il est à la fois régional, à la fois il relaie tous les évènements connus à l’étranger, y compris ceux des fédérations professionnelles qui peuvent publier leur propre contenu. »
La plateforme offre depuis le mois d’aout un parcours opportunités d’affaires « c’est ce qui manquait à tout le monde. Le réseau Business France à l’étranger est en contact avec des acheteurs, mais on n’a jamais très bien traité les demandes entrantes et on n’était pas bien capable de les porter aux entreprises. L’outil que nous avons développé permet de le faire et on a plus ouvert le système à d’autres comme les opportunités du réseau EEN, des préprojets de l’AFD, des opportunités qui peuvent venir de Pacte Pme, c’est-à-dire de certains grands groupes… Si on peut donner aux entreprises des opportunités concrètes de développement à l’international ce sera un facteur très fort de motivation.»
« C’est aussi un outil de travail pour nos conseillers sur le terrain en France qui peuvent identifier des entreprises qui pourraient être intéressées par ces opportunités d’affaires . On a donc une capacité collective d’aller chercher des entreprises qui ne seraient pas allées sur la plateforme.»
Enfin, fonctionnalité centrale de la plateforme : les solutions d’accompagnement. « C’est une sorte de marketplace qui permet, quelle que soit l’étape de développement, de trouver le partenaire public ou privé qui sera en mesure de répondre à la demande de l’entreprise. » « On a raisonné en fonction du besoin et non en fonction des acteurs pour ne pas être un annuaire, mais un énorme supermarché de l’export architecturé en fonction des utilités et non des marques. »
« On s’est appuyé sur des fédérations professionnelles pour ce faire, l’ordre des avocats, l’INPI, TLF pour le transport et on renvoie directement aux acteurs les inputs, sans filtres de notre part. »
La marketplace montée par Business France permet de rassembler des solutions, ce n’est pas une marketplace transactionnelle qui permettra d’acheter la solution à un acteur particulier. « Je qualifie le besoin de l’entreprise, on fait des mises en relation avec nos partenaires et chacun traite la demande entrante comme il doit la traiter et selon son process traditionnel. Je ne suis pas certain que ce soit d’ailleurs une attente de l’entreprise vis-à-vis de nous et de nos partenaires. Bien entendu nous avons nos offres CCI et Business France à l’intérieur, mais on ne peut pas les acheter en ligne et elles ne sont pas majoritaires. »
« La plateforme de la TFE n’a pas vocation à être annuaire, » reprend Olivier Andretic, « le critère qui est important pour nous c’est celui de la représentativité. Mes interlocuteurs privilégiés sont les fédérations professionnelles, les douanes, l’INPI , des organismes qui sont représentatifs et pertinents. »
L’objectif porté par la plateforme est celui affiché par la TFE, contribuer à augmenter le nombre d’exportateurs et faire grossir les volumes d’exportation. « En France on a plus de la ½ des exportateurs qui exportent moins de 100 000 euros par an, avec dans cette population une moyenne d’export à 20 000 euros. La plateforme est une vraie solution à valeur ajoutée pour ces gens-là. »
Marc Hoffmeister
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