Pour la deuxième année consécutive, Rabat exclu les ports espagnols de l’Opération Marhaba. Il s’agit de la migration estivale des trois millions de Marocains résidents à l’étranger (MRE) entre le continent européen et le Maroc. En pleine crise diplomatique autour du Sahara, Rabat et Madrid ne s’entendent plus. Cela génère des bouleversements sur les routes et sur les voies maritimes dont compte bien tirer parti le transporteur français La Méridionale.
Les routes d’Espagne, notamment l’autoroute A-1, habituellement empruntée par les MRE pour retourner au Maroc en période estivale, étaient particulièrement vides cet été. Les Marocains ont du emprunter d’autres voies pour rentrer chez eux, notamment celle mise en place par le royaume chérifien, la voie maritime.
Et ce sont les compagnies maritimes française et italiennes notamment qui en profitent.
En effet, le royaume chérifien a loué deux ferries de la Baltique destinés à faire la navette entre Tanger et le port méditerranéen de Sète. Les ferries empruntent la nouvelle route maritime, ouverte en décembre 2020 par la compagnie marseillaise La Méridionale. Malgré des débuts difficiles pour cause de fermeture des frontières début 2021, depuis le mois de juin, les navires ont fait carton plein avec trois départs par jour dans chaque sens. La rentabilité de La Méridionale s’appuie sur deux navires mixtes, mêlant passagers et remorques tourières.
L’activité du fret maritime en hausse entre l’Europe et le Maroc
La compagnie française, appartenant au géant français Stef, voit les tensions entre les deux Etats d’un bon œil. Même s’il ne s’agit que d’une goutte d’eau dans l’océan des 350 000 camions qui relient chaque année le Maroc à la France via le détroit de Gibraltar, La Méridionale vise entre 3% et 5% du marché du fret Europe-Maroc.
L’organisation d’une offre logistique dans sa globalité
Désormais, l’armateur français compte bien capter d’autres marchés. Notamment celui des fruits et légumes qui représente plusieurs centaines de milliers de tonnes en conteneurs ou remorques chaque année. Toutefois, pour attirer de nouveaux clients, le géant français devra proposer une offre logistique dans sa globalité et pas seulement de port en port. Une logistique routière allant jusqu’au Benelux, au Royaume Uni ou en Allemagne permettrait de séduire d’autres entreprises. C’est l’objectif de la ligne, confirme Benoît Dehaye, directeur général de La Méridionale : « à moyen terme, nous voulons offrir une solution de ferroutage entre les continents africain et européen via Marseille ».
Fort de son succès, l’armateur français attire les regards d’autres concurrents. Notamment celui de l’italien Grandi Navi Veloci (GNV) ou de l’espagnol Balearia.