C’est dans le contexte des retombées de la crise ukrainienne et ses efforts pour abandonner le charbon et l’énergie nucléaire que l’Allemagne s’est décidé à transférer sa technologie d’hydrogène en Afrique afin d’assurer sa sécurité énergétique.
Cette initiative majeure, appelée « H2 Global » vise à faire produire l’hydrogène « renouvelable » dans des pays partenaires disposant de facteurs de production compétitifs (une électricité peu coûteuse essentiellement). Les industriels allemands fourniront la technologie, l’hydrogène sera ensuite importé en Europe sous forme transformée.
Pour le gouvernement allemand, ce transfert est synonyme de soutien en accélérant le développement économique du continent dans le cadre de ses efforts pour abandonner le charbon et l’énergie nucléaire, c’est aussi un moyen de renforcer sa position sur place, et surtout de trouver un modèle économique compétitif. Berlin importera en effet 40 à 60 % de l’hydrogène dont elle a besoin pour ses plans de transformation énergétique.
D’une part cette décision importante permettra à l’Afrique de fournir une production d’hydrogène à grande échelle à un prix compétitif autour de 2 à 3 dollars par kilogramme, contre 5 à 9 dollars en Europe ce qui accélérera son développement économique à l’échelle mondial et lui permettra de devenir un futur champion mondial de l’hydrogène vert aux portes de l’Europe. Cela lui permettra aussi de décarboner certains de ses processus industriels.
Les défis posés par le lancement de filières africaines d’hydrogène vert peuvent être une réelle opportunité pour certains autres pays du continent. Etant en mesure de produire de l’hydrogène verte, le Maroc, la Mauritanie, la Namibie pourraient eux aussi devenir des acteurs majeurs internationaux du secteur.
D’autre part, en Afrique, l’Allemagne a des atouts stratégiques indéniables. Entre 2016 et 2018, les Etats africains ont pu bénéficier de 8,5 milliards d’euros d’investissements directs en provenance d’Allemagne ce qui fait du pays l’un des principaux donateurs et investisseurs. De plus, son passé colonial dans la région est relativement moins marquant que celui de la France et plusieurs autres États membres de l’UE ce qui lui permet aujourd’hui d’avoir une meilleure image en Afrique.