Concernant l’usine financée par l’ADF, une fois le processus financier bouclé et les premières études conduites, le projet industriel sera soumis à appel d’offres public pour sa réalisation.
Les deux nouveaux sites d’égrenage doivent soutenir la croissance de Sodecoton et lui permettre de doper la production agricole en amont. Car « à la différence d’autres sociétés cotonnières sur le continent, Sodecoton est pratiquement à saturation en matière d’outil industriel » indique Karim Aït Talb, directeur général délégué d’Advens-Geocoton, actionnaire minoritaire (30%) du groupe camerounais. Les surfaces pourraient donc être encore développées, selon lui, si les capacités de transformation étaient augmentées.
Le Cameroun, dont la culture du coton se situe dans le Nord du pays (Septentrion), a produit 347 000 tonnes de coton graine lors de la campagne 2021/2022 contre 370 000 tonnes, la campagne précédente. Ces chiffres placent le pays, bon an mal an, en cinquième ou sixième position en Afrique. Mais ils restent en deçà du potentiel du secteur et des objectifs nationaux fixés à 400 000 tonnes par an, voire 600 000 tonnes à terme. « Des chiffres réalistes si l’on met les moyens », estime Karim Aït Talb. Ceci sous réserve de différents facteurs, à commencer par les aléas agricoles : les jassides, des insectes ravageurs, viennent ainsi de causer de lourdes pertes dans des pays comme la Côte d’Ivoire. Ce à quoi s’ajoutent la maîtrise des exportations de contrebande de coton vers le Nigeria voisin ou encore l’impact négatif de la hausse du prix des intrants, engrais notamment.
Facteur favorable à son expansion, toutefois, Sodecoton après des années difficiles, a retrouvé des couleurs au plan financier à la faveur de la hausse des cours de la fibre blanche. En 2021, l’entreprise a affiché un chiffre d’affaires en hausse de 40% à 175,45 milliards de FCFA (267 millions d’euros) et dégagé 8,4 milliards de FCFA de résultat net (12 millions d’euros) contre une perte en 2020. Dans ce contexte, la société, également active dans la production d’huile alimentaire de coton sous la marque Diamaor, s’apprête à négocier un virage important. Elle figure dans la liste des entreprises à capitaux publics sélectionnées par l’Etat pour une introduction future à la bourse régionale BVMAC. Ceci dans le cadre d’un vaste programme initié par les chefs d’Etat de la CEMAC (Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale) pour doper le marché financier régional. Sodecoton aura-t-elle la fibre financière ?