60 % du charbon de bois mondial est produit sur le continent africain et provient principalement des forêts et des terres boisées, entrainant fortement leur dégradation, voire leur disparition. Les conséquences de cette déforestation sont multiples : perte de la diversité biologique, dégradation des terres agricoles, pauvreté, malnutrition, etc…
D’après une étude réalisée par la direction des eaux et forêts du ministère béninois du Cadre de vie et du Développement durable, environ 100 000 hectares de forêts sont détruits chaque année au Bénin, et la demande ne cesse d’augmenter.
Roland Adjovi est un Béninois passionné de la nature depuis son plus jeune âge, il est un membre actif de plusieurs ONG de protection de la nature. Souhaitant lutter contre la déforestation et la destruction de la couche d’ozone, l’homme a longtemps réfléchi à une solution pour répondre à cette problématique. Consterné par les interminables convois de camions transportant des tas de charbon de bois hors du pays, il a créé en 2018 sa propre structure « Arpy Reigns » qui produit et commercialise du charbon et de l’engrais bio, dont le charbon « Eco Sika« . Celui-ci est fabriqué à base des résidus agricoles tels que les feuilles de paille, les feuilles et tiges de maïs, les épluchures de manioc, les coques de riz, les jacinthes, les déchets du karité et toutes autres feuilles légères. Avec ses employés, l’entrepreneur collecte, trie et sèche les déchets organiques avant de les brûler en une poudre carbonisée qui est transformée en briquettes et vendue au kilogramme. En plus d’être utile à l’environnement, l’initiative rassemble plusieurs jeunes de plusieurs localités qui se retrouvent régulièrement pour le ramassage et la collecte des déchets au bord des routes, des villes, des écoles et villages. Cette initiative possède encore de nombreux autres avantages : ce charbon est moins cher que le charbon de bois, développe une chaleur supérieure qui permet de chauffer plus vite, émet de très faibles quantités de gaz à effet de serre, produit des cendres qui peuvent fertiliser les sols, ne fume pas, ne noirci pas les dessous des marmites et surtout il préserve les forêts béninoises. En ce qui concerne les engrais, ces produits sont, eux aussi, faits uniquement de produits biologiques pour l’enrichissement des sols. Les deux produits sont aujourd’hui livrés un peu partout dans le pays, mais aussi sur le continent.
Ce type de production de charbon de bois innovant est « requis de toute urgence pour empêcher une nouvelle dégradation des forêts et une perte de biodiversité », a déclaré le Programme des Nations Unies pour l’environnement dans un mémoire de 2022, qui a également mis en évidence des projets similaires au Cameroun, au Kenya ou en Tanzanie. Certains d’être sur le bon chemin Roland Adjovi envisage maintenant de se déployer à l’échelle internationale, afin de pouvoir répondre aux problèmes environnementaux qui perdurent aujourd’hui.