La seconde édition du Forum Europe-Afrique s’est tenue pendant deux jours au MUCEM et au Palais du Pharo à Marseille avec pour thème « Nouvelles ambitions, nouvelles ressources et nouvelles technologies ».
Alors qu’elle accélère sa transformation, l’Afrique peut, par son dynamisme démographique et la vitalité de ses acteurs économiques, mais aussi en s’appuyant sur ses ressources naturelles en énergies et en matières premières (à l’échelle mondiale, l’Afrique représenterait 40 % des réserves d’or, 30 % des réserves de minerais et 12 % des réserves de pétrole) se positionner au cœur des transitions mondiales.
L’Europe a plus que jamais besoin de l’Afrique qu’elle devra, coûte que coûte, accompagner dans sa transformation économique. Les termes de cette coopération sont notamment inscrits dans différents cadres, notamment l’Accord de Cotonou signé en 2000 ou la Stratégie commune Afrique-UE.
Face à ce continent aujourd’hui au centre de l’économie mondiale, l’Europe et ses États membres constituent son principal partenaire commercial. La valeur de leurs échanges a augmenté en 2021 pour atteindre 288 milliards d’euros, contre une valeur de 225 milliards d’euros en 2020. Le déficit commercial en faveur de l’UE a diminué, passant de 24 milliards d’euros en 2020 à 4 milliards d’euros en 2021.
Cependant, le tarissement des financements compromet la capacité de plusieurs pays africains à remédier aux séquelles laissées par le Covid et à satisfaire les besoins essentiels de leur population. Le PIB par habitant n’a toujours pas retrouvé son niveau prépandémie, 132 millions de personnes étaient encore en situation d’insécurité alimentaire aigüe l’année dernière et les coûts d’emprunt pour les économies africaines ont fortement augmenté. C’est pourquoi l’investissement et le commerce seront les principaux moteurs de croissance pour redresser l’économie. L’Union Africaine (UA) a d’ailleurs fait de 2023 l’année de l’accélération de la mise en place de la ZLECAF (Zone de libre-échange continentale africaine).
Interrogé dans les colonnes de La Tribune Afrique sur l’avenir des relations entre les deux continents, le président de l’Union des Comores, mais aussi nouveau chef de l’Union Africaine (UA), Azali Assoumani, « guest-star » de cette 2e édition indiquait : » La relation Europe-Afrique doit être renforcée, mais dans une même direction. Pour les Européens, il existe une obsession sur les migrations et les problématiques démographiques. De notre côté, les enjeux reposent avant tout sur la souveraineté alimentaire, la paix, la sécurité, l’économie et sur les enjeux liés au changement climatique, en particulier dans les pays insulaires touchés de plein fouet par la montée des eaux. L’Afrique ne doit pas être seulement un pourvoyeur de matières premières. L’Europe doit nous accompagner dans notre industrialisation et dans notre diversification économique. » Opérationnelle depuis le 1er janvier 2021, cette Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) entend non seulement révolutionner le commerce entre les 54 pays, mais aussi les échanges du continent avec le reste du monde dont l’Europe.
Placé sous le haut patronage du président de la République, le Forum Europe-Afrique 2023 a su une nouvelle fois, mettre en avant les potentialités comme les freins à un développement durable des continents européens et africains. Un accent a été mis sur les « Nouveaux talents » ainsi que sur les femmes considérées comme des actrices d’une nouvelle donne entre l’Afrique et l’Europe, et sur les nouvelles technologies.
Il faut dire qu’en un temps record l’Afrique est devenue la championne de l’innovation. Depuis les cinq dernières années, l’écosystème africain de l’innovation et des startups est marqué par une dynamique importante. Certains secteurs, plus que d’autres, ont mis au grand jour la capacité des Africains à développer des solutions innovantes pour réduire les effets de la crise. Dans la santé, l’éducation, mais aussi dans les énergies, le nombre de startups financées n’a jamais été aussi important. La finance numérique se développe, elle aussi à toute allure sur le continent, portée par l’adoption massive de l’argent mobile. Ce secteur est celui qui attire le plus d’investissements au sein du paysage technologique africain.
Pourquoi cet engouement des investisseurs pour l’écosystème des startups africaines ? L’Europe et l’Afrique peuvent-elles conjuguer leurs visions pour accélérer cette dynamique ? Quels ponts peut-on ériger entre l’Afrique et l’Europe pour installer de nouveaux chantiers de coopération ? Une chose est sure, l’Afrique et l’Europe doivent plus que jamais cheminer ensemble.