En dix ans, la consommation de médicaments a augmenté de 36 % dans le monde. La France est confrontée à une évolution inquiétante : un potentiel déficit commercial dans l’industrie pharmaceutique autrefois fleuron national. Une situation inédite depuis l’année dernière pour un secteur habituellement en excédent.
Les premières informations des Douanes montrent que les médicaments que la France exporte sont beaucoup moins rentables, passant de plus de 3 milliards d’euros à seulement 405 millions d’euros entre décembre 2022 et novembre 2023.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette évolution. La France exporte principalement des médicaments plus anciens, à faible coût et mis sur le marché depuis plusieurs années, voire ayant perdu leurs brevets, tandis qu’elle importe des produits innovants et coûteux. Cette évolution fait partie d’une tendance à long terme où les anciens produits (désormais délocalisés en Asie) sont progressivement remplacés par des produits plus innovants présents sur le marché international. L’augmentation de l’achat de nouveaux médicaments biologiques innovants provenant de pays comme la Corée du Sud, montre que la France compte de plus en plus sur les produits pharmaceutiques venant de l’étranger. Cette dépendance des importations vis-à-vis des pays européens, avec l’Irlande en tête du classement, est d’autant plus marquée par le fait que la production de médicaments en France diminue par rapport à celle de ses voisins européens, surtout en ce qui concerne les nouveaux traitements et les technologies biologiques. L’été dernier le Sénat publiait de son côté un rapport afin de proposer des solutions concrètes pour remédier au fait que les Français rencontrent des difficultés grandissantes à se procurer les médicaments qui leur sont prescrits.
Pour inverser cette tendance préoccupante, certains experts pensent qu’il est absolument nécessaire d’améliorer la compétitivité de l’industrie pharmaceutique française sur la scène internationale, notamment en réduisant la fiscalité et en simplifiant les procédures administratives. Le pays doit renforcer sa capacité à produire des médicaments innovants et biologiques sur son territoire, afin de réduire sa dépendance aux importations. Cela nécessite aussi davantage d’investissements dans la recherche et le développement.
En fin d’année dernière justement le géant danois Novo Nordisk a annoncé un investissement de 2,1 milliards d’euros afin d’élargir ses capacités de production en Eure et Loire de médicaments cardio-métaboliques, notamment pour le traitement du diabète et de l’obésité, dont la demande est en constante augmentation. Il s’agit du plus gros investissement jamais réalisé en France dans la santé. De son côté Euraxi Pharma (Indre-et-Loire) a prévu de créer cinq filiales en Belgique, Allemagne, Pays-Bas, Italie et Espagne. Le laboratoire agenais Upsa, géant français du paracétamol, vient lui de pénétrer le marché chinois et va être distribué en Arabie saoudite… Bonnes nouvelles pour l’économie pharmaceutique française….