Un élan de l’innovation sur le Vieux Continent.? En tout cas l’Europe n’a jamais compté autant de dépôts de brevets sur un an. En 2023, l’Office européen des brevets (OEB) a reçu 2,9 % de demandes de brevets de plus que l’année précédente, selon son dernier décompte (baromètre Patent Index), soit 199 275 demandes avec essentiellement un accroissement des dépôts de dossiers venant de Chine et de Corée du Sud. Yann Ménière, chef économiste de l’OEB, a ainsi qualifié l’année 2023 de « grand cru ».
Au niveau mondial parmi les principaux pays déposants, les États-Unis, l’Allemagne (+ 1,4 % par rapport à 2022), le Japon, la Chine et la Corée du Sud ont été en tête. La France, avec 10 814 demandes de brevets, a conservé sa deuxième place en Europe et pris la sixième position au classement mondial, cependant notre pays a connu une légère baisse de – 1,5 % par rapport à l’année précédente. En France, trois secteurs en particulier ont enregistré une forte croissance dans leurs demandes de brevets. Il s’agit de la chimie fine organique, avec une augmentation de 21,7 %, de l’informatique, avec + 18,2 %, et des technologies audiovisuelles, en hausse de 17,9 %. Selon ce baromètre Patent Index 2023 la croissance de la France dans la chimie fine organique est notamment portée par L’Oréal qui est la troisième entreprise la plus innovante du classement de l’OEB dans ce domaine. L’OEB évoque aussi le rôle essentiel des organismes français de recherche publique. Le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) a par exemple déposé 523 dossiers de demande de brevets l’an passé, et s’inscrit en deuxième position du podium des demandeurs français, juste derrière Valeo (564 demandes de brevets), mais devant Safran (472 demandes).
En France si certains secteurs se sont distingués, tels encore que les biotechnologies, avec une augmentation de 7,2 % du nombre de demandes de brevets, ou les produits pharmaceutiques grâce notamment Sanofi ou l’Inserm, d’autres secteurs traditionnels d’excellence, notamment les transports et les technologies médicales, ont connu un recul dans les demandes de brevets en 2023. Dans le domaine des transports, qui reste néanmoins en première position, cette diminution pourrait être due à la transition énergétique et au ralentissement des recherches sur les moteurs à combustion.
En Europe ce sont les secteurs de l’énergie (notamment avec les innovations dans les batteries) et des technologies numériques (notamment avec l’intelligence artificielle) ont été parmi les plus dynamiques. Géographiquement on note une concentration en Île-de-France, qui est devenue la première région européenne en termes de dépôts de brevets.
Huawei, Samsung, LG, Qualcomm et Ericsson restent en tête du classement des demandeurs de brevets. La première entreprise dans le monde demandant des brevets couvrant l’Europe a été l’année dernière la chinoise Huawei avec 5 071 dossiers déposés.
La nouveauté est que les petites et moyennes entreprises (PME) européennes recourent de plus en plus aux dépôts de brevets, la part de leurs demandes a d’ailleurs atteint son sommet en 2023. Les PME ont représenté environ une demande de brevet sur quatre en 2023. Avec les start-up elles sont aussi bien représentées dans les demandes de brevets unitaires, ce nouveau dispositif introduit au mois de juin permet aux entreprises de protéger leurs innovations dans 17 pays européens avec un brevet unique.