La Cnuced et l’OMS viennent de publier leur première analyse sur les échanges mondiaux des produits alimentaires élaborés, dont la proportion évolue peu sur une longue période. Les deux organismes ont renoncé à établir un « Nutri Score » des échanges planétaires.
Plats cuisinés, poissons fumés, tablettes de chocolat ou encore thon en boîte… dans la grande valse des échanges agricoles et alimentaires mondiaux , les produits ayant subi au moins une première transformation pèsent d’un poids certain.
C’est ce que visent à quantifier et à analyser de récents travaux communs de la CNUCED et de l’OMS qui s’inscrivent dans le cadre des Objectifs de développement durable des Nations Unies et plus précisément des objectifs 2 (faim zéro) et 3 (bonne santé et bien-être)
Les deux organismes viennent, à ce titre, de publier leur première étude ainsi qu’un utile ensemble de données cliquables sur la dynamique du commerce mondial des produits alimentaires transformés, ceci par opposition aux produits agricoles bruts, comme le blé ou la viande.
Un travail d’autant plus notable qu’il porte sur une longue période, plus d’un quart de siècle (1995 – 2022) et que les données intègrent donc de multiples crises économiques et autres flambées d’inflation alimentaire, comme actuellement ou en 2007. Ceci également dans un contexte de forte dynamique du commerce mondial des denrées alimentaires qui a bondi de 350 % entre 2000 et 2021, pour atteindre une valeur totale de 1 689 milliards de dollars.
Principale conclusion de l’étude de la CNUCED et de l’OMS, en tendance sur une longue période, l’évolution en valeur des échanges de produits transformés n’est guère différente de celle de l’ensemble du commerce mondial agricole et alimentaire. C’est même l’inverse, car de façon contre-intuitive, la part relative des produits transformés tend à diminuer. Les produits agricoles bruts, en 2022, représentaient 38 % des importations mondiales en valeur et 37,4 % des exportations. Cette proportion des produits non transformés était plus faible en 2000, à savoir respectivement 34,7 % pour les importations agricoles brutes et 28,4 % pour les exportations, une tendance également vérifiée depuis le milieu des années quatre-vingt-dix. En bref, il n’y a pas, selon ces chiffres, de syndrome général d’une envolée de l’alimentation pré-emballée à l’échelle mondiale, même si les produits ayant subi au moins une transformation pèsent autour de 60% des échanges.
Concernant les seuls pays européens, la part des produits agricoles bruts dans les échanges est plus faible que la moyenne mondiale (31,7% des importations et 30,1% des exportations en 2022), mais n’augmente là encore que marginalement sur une longue période.
A noter toutefois au plan mondial que la catégorie alimentaire dite « composite », ayant subi plusieurs transformations, progresse d’environ trois points de pourcentage sur vingt ans. Et représente 24 % des importations mondiales et 25,2 % des exportations pour l’année 2022.
Ces produits « composites » constituent, en termes de méthodologie, la cinquième des sept catégories créées par les auteurs de l’étude. Ces catégories, caractérisées par une lettre (de A à G), reflètent jusqu’à la lettre E un degré de transformation croissant ; les catégories ultérieures, à savoir F (épices, malt de brasserie…) et G (semences, bétail vivant…) comprenant les produits non immédiatement consommables.
A ce propos, l’intention première des experts de l’OMS et de la CNUCED était de déterminer la part des aliments dits « sains » dans les échanges, induisant donc une sorte de Nutri Score du commerce mondial. Mais cette idée de départ a été abandonnée faute de définition scientifique satisfaisante de ce caractère « sain » ou non.
Selon la CNUCED, « en l’absence d’une classification mondialement reconnue pour les aliments « sains » ou « nutritifs » et en accord avec l’accent mis par l’OMS sur l’alimentation globale, l’approche a été élargie ».
Pour les auteurs des travaux, cela montre le défi posé par l’absence « d’une définition universelle des « aliments sains » et souligne l’engagement à comprendre la dynamique des aliments importés ou exportés sans porter de jugements radicaux sur les avantages ou les inconvénients de la transformation des aliments. »