D’après l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), le nombre de francophones dans le monde en 2022 était estimé à 321 millions, soit 21 millions de plus qu’en 2018, faisant du français la cinquième langue la plus parlée après l’anglais, le chinois, l’hindi et l’espagnol. En Afrique Subsaharienne et dans l’Océan Indien, le nombre de locuteurs quotidiens du français a augmenté de près de 15% entre 2018 et 2022. En comptant le Maghreb, l’Afrique francophone représente à elle seule plus de la moitié des locuteurs de la langue française.
Alors que la démographie africaine est appelée à continuer de faire croître le nombre de locuteurs francophones*, la secrétaire générale de l’OIF, Louise Mushikiwabo, a fait part de la volonté des 88 pays du bloc francophone de peser davantage dans le règlement des crises, notamment en Afrique, lors du dernier sommet de la Francophonie, en Tunisie en novembre dernier. Elle avait alors déclaré : « Nous sommes en route vers une francophonie de l’avenir, modernisée, beaucoup plus pertinente ».
Lors d’un Forum organisé fin avril par le CIAN (Conseil français des investisseurs en Afrique) intitulé « Consensus autour du bel avenir annoncé à la Francophonie économique en Afrique » Franck Riester affirmait haut et clair « La présence économique française en Afrique est solide. Face aux discours bien trop souvent défaitistes qui laissent penser que la France serait chassée d’Afrique, les chiffres viennent rétablir la vérité et montrer qu’une véritable dynamique est en cours depuis dix ans ». Le Ministre délégué chargé du commerce extérieur et de l’attractivité de France soulignait « Le nombre de filiales françaises en Afrique subsaharienne a doublé et représente la moitié des filiales européennes sur le Continent… Le stock des investissements directs français en Afrique a quasiment triplé entre 2010 et 2022 ». Opinion partagée par Étienne Giros, le Président du Cian « L’Afrique marche bien et le continent est sans aucun doute l’avenir de notre planète ». Sa conviction est que « les entreprises, et notamment les entreprises françaises, doivent continuer à investir en Afrique où il y a beaucoup d’innovations, beaucoup de développement, beaucoup de partenariats à faire… ».
Aujourd’hui Président de l’Alliance des Patronats francophones, Geoffroy Roux de Bezieux l’affirme lui aussi « La francophonie économique, c’est une autre manière de créer du lien. Notre langue fait gagner du temps, simplifie les échanges, permet d’avoir un droit commun et un internet commun. Le français est donc une manière de faire des affaires ensemble. Pendant que les politiques se chamaillent, les entrepreneurs continuent à échanger ». Benoît Chervalier, vice-Président Afrique de Medef International estime pour sa part qu’il y a « plusieurs Afriques et donc plusieurs réalités très diverses derrière le chiffre de croissance moyenne de 4 %. Certaines grandes économies – l’Afrique du Sud et le Nigeria – sont à la peine, tandis qu’un autre groupe – Côte d’Ivoire, Rwanda, caracole autour de 7 % », et bientôt au-delà, notamment avec le Sénégal et surtout la Mauritanie grâce à la mise en exploitation des gisements gaziers et pétroliers. Le plus important aujourd’hui, alors que la lune de miel avec l’Afrique est révolue comme on l’entend dire par de grands investisseurs, c’est de redonner le goût de l’Afrique à ceux qui ne sont pas convaincus de prime abord par le Continent. C’est l’enjeu numéro un. »
Présidente de l’Economic Development Board, la malgache Lantosoa Rakotamalala soulignait à son tour que « l’Afrique est un continent d’opportunités économiques puisque quelque 5 000 entreprises françaises (2 500 en Afrique subsaharienne) y sont déjà présentes et il est important d’avoir un bon dialogue entre l’État et le secteur privé ». Enfin, Stéphane Tabarié, chef du bureau Afrique subsaharienne de la DG Trésor, a estimé de son côté que « ce à quoi l’on assiste en Afrique, c’est à une transformation de la présence française, historiquement de l’export, vers l’investissement. L’exception française en Afrique, ce sont 500 000 emplois portés par 4 400 entreprises françaises du continent ».
Tous ont témoigné lors de ce Forum de leur vision d’avenir positive, affirmant qu’en Afrique, la francophonie économique se déploiyait avec « une véritable dynamique ». Benoît Chervalier relève même une réelle exception française « Tandis qu’en termes de flux d’échanges commerciaux avec l’Afrique les entreprises françaises s’inscrivent à la huitième place mondiale, elles se hissent à la deuxième place en termes d’IDE, estimés à plus de 58 milliards d’euros. Autrement dit, elles investissent en s’inscrivant dans le long terme, elles s’enracinent dans les territoires où elles créent des emplois, ce qui est évidemment très apprécié par les autorités et les populations locales. »
Pour rappel, le 19e Sommet de la francophonie, qui se déroule pour la première fois en France depuis 1991, aura pour thème : « créer, innover, entreprendre en français ». Les représentants d’une centaine d’États et de gouvernements seront accueillis à la Cité internationale de la langue française le 4 octobre, et au Grand Palais à Paris le 5 octobre prochain. L’Organisation internationale de la Francophonie organise un peu avant (le 27 juin prochain) le 5ème Forum International des Entreprises Francophones également à la Cité Internationale de la Langue Française à Villers-Cotterêts (Aisne).
*en 2050, selon les prévisions, sur les 700 millions d’hommes et de femmes qui parleront le français, 80% vivront en Afrique.