C’est le résultat d’une étude d’Allianz Trade publiée il y a quelques jours qui indique que le délai de paiement moyen des entreprises a augmenté de trois jours l’année dernière pour atteindre 59 jours en 2023 dans le monde. Il s’agit de la plus forte hausse depuis 2008 et presque le double de celle enregistrée en 2022, impliquant que davantage d’entreprises attendent plus longtemps pour être payées, ce qui accroît le risque de problèmes de trésorerie. Au niveau mondial, 42% des entreprises affichent des délais de paiement supérieurs à 60 jours à la fin de l’année 2023.
Selon cette étude, par région, ce sont les États-Unis qui s’en tirent le mieux avec seulement 33 % des sociétés devant patienter plus de deux mois pour être payées. À l’inverse, en Asie, 46 % d’entre elles sont affectées par ces longs délais. L’Europe, où 6 % des entreprises sont payées en moins de 10 jours et 41 % en plus de 60 jours, est en ligne avec la moyenne mondiale, mais les écarts entre pays y sont importants, indique Allianz Trade. Comme toujours, « le délai de paiement est plus court en Allemagne, aux Pays-Bas et dans les pays nordiques que dans ceux du Sud, notamment en France, en Espagne et en Italie ».
La situation s’est dégradée pour la quasi-totalité des 22 secteurs suivis par Allianz Trade. Le besoin en fonds de roulement (BFR), qui renseigne sur le décalage de trésorerie dans l’activité courante d’une entreprise, est également en hausse. Il atteint 76 jours de chiffre d’affaires en 2023, contre 74 en 2022, « sous l’effet du ralentissement de la croissance et de l’augmentation des coûts d’exploitation et de financement ».
Allianz Trade remarque que la rentabilité est le premier facteur d’évolution des délais de paiement en Europe, avec un impact plus important que le financement ou le cycle économique. Dans ce contexte, le ralentissement de la demande mondiale en 2024, combiné à des coûts d’exploitation toujours élevés, pourrait ouvrir la voie à une nouvelle détérioration des délais de paiement, en particulier en Europe.
Parallèlement la dernière étude de Coface sur les comportements de paiements révèle une réduction des délais dans la région Asie-Pacifique. Cependant, alors qu’en 2022 ils concernaient 57 % des 2400 entreprises sondées par Coface dans neuf pays de la région Asie-Pacifique, les retards de paiement sont devenus plus fréquents, touchant l’année dernière 60 % des entreprises sondées. Le secteur de la construction affiche toujours le délai de paiement le plus long (76 jours), et le secteur pharmaceutique le plus court (57 jours). Autre tendance de révélée par cette étude : l’augmentation des paiements ultra-longs (ULPD), c’est-à-dire supérieurs à 2 % de leur chiffre d’affaires annuel. Elle est en effet passée de 26 % en 2022 à 29 % en 2023.
Dans notre pays, l’année dernière, un quart des dossiers traités par le Médiateur des entreprises concernaient des retards de paiement, selon le bilan annuel publié il y a quelques mois par Bercy. Il s’agit du premier motif de saisine de cette institution. En 2023, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) a contrôlé 766 entreprises sur le volet délais de paiement. Au total, 346 d’entre elles ont été verbalisées pour un montant total de plus de 58 millions d’euros d’amendes, un chiffre en hausse de 19 % par rapport à 2022. Les mauvais payeurs peuvent autant être de grands groupes, comme Renault et Unilever, qui ont reçu chacun 2 millions d’euros d’amendes, que de plus petites PME.