La généralisation de chaînes du froid optimisées pourrait permettre de réduire les pertes alimentaires de 620 millions de tonnes, selon une étude américaine.
Un recours accru à la réfrigération à l’échelle mondiale le long des chaînes de valeur alimentaire pourrait fortement réduire les pertes de nourriture et les émissions de CO2, selon les calculs d’une équipe de l’université de Michigan. C’est ce qui ressort de leur étude récemment publiée dans la revue scientifique trimestrielle à comité de lecture Environmental Research Letters.
Dans les calculs de modélisation les plus favorables, les pertes alimentaires (fruits, légumes, céréales, viande, produits laitiers…) pourraient être réduites de 620 millions de tonnes par an et l’émission de 1,8 milliard de tonnes de CO2 pourrait être évitée.
Ces travaux ont été conduits par deux universitaires de la School for Environment and Sustainability de l’université du Michigan, à savoir Aaron Friedman-Heiman, assistant de recherche et Shelie Miller, professeur et spécialiste de l’analyse du cycle de vie. A noter que cette étude a été soutenue financièrement par la National Science Foundation des États-Unis et le frigoriste américain Carrier Global Corp.
L’enjeu est de taille. Comme le rappelle l’étude, environ un tiers de la nourriture produite chaque année dans le monde est gaspillée, selon la FAO, tandis qu’environ 800 millions de personnes souffrent de la faim.
Pour parvenir à leur conclusion, les deux chercheurs ont modélisé les effets du passage de l’état actuel de chaînes du froid, de qualité variable, à un système optimisé, défini comme un système de réfrigération de haute qualité. Ceci en quantifiant, au plan mondial, les pertes alimentaires à chaque étape afin de mettre en évidence celles pour lesquelles une chaîne du froid améliorée permet le plus de réduire les pertes et les émissions de CO2. Ces étapes les plus critiques se situent en amont de la chaîne, selon ces simulations.
Au plan géographique, les modélisations indiquent que les plus fortes réductions potentielles de perte se produisent en Afrique subsaharienne, en Afrique du Nord et en Afrique centrale, en Asie du Sud et du Sud-Est et en Amérique latine, notamment en ce qui concerne la viande, les produits laitiers et les fruits et légumes. L’Afrique subsaharienne offre notamment d’énormes opportunités de réduction des pertes alimentaires (-47 %) et des émissions de gaz à effet de serre associées (-66 %) dans des conditions de réfrigération optimisées.
En termes de produits, l’étude indique notamment que la viande représente plus de 50 % des émissions de gaz à effet de serre liées aux pertes alimentaires, bien qu’elle pèse moins de 10 % des pertes alimentaires mondiales en poids. Une réfrigération optimisée de ce secteur de la viande pourrait donc entraîner l’élimination de plus de 43 % des émissions de carbone associées, selon les auteurs.
Pour pousser plus loin leurs travaux, les chercheurs ont également comparé les avantages de chaînes d’approvisionnement technologiquement avancées avec les systèmes alimentaires locaux de type « de la ferme à la table ». Ces systèmes alimentaires hyper localisés conduisent à des pertes alimentaires inférieures à celles des chaînes d’approvisionnement mondiales réfrigérées optimisées, indique leur étude tout en pointant les limites de ces systèmes ultra locaux sur la distribution à grande échelle de nourriture dans les pays très étendus.