Selon Jonathan Reynolds, « le plan du gouvernement [britannique vise] à créer un environnement favorable aux entreprises qui soutient l’innovation, l’investissement et des emplois de haute qualité dans le pays. En réinitialisant les relations internationales et en supprimant les barrières commerciales inutiles, cela libérera (…) le potentiel des grandes industries qui distinguent le Royaume-Uni sur la scène mondiale ».
C’est ce que montrent aussi ses déclarations précédant la réunion ministérielle du G7 en Italie consacrée au commerce qui s’est tenue les 16 et 17 juillet à Villa San Giovanni (Calabre), sa toute première participation à une rencontre internationale.
A cette occasion, Jonathan Reynolds a martelé que son pays était « ouvert aux affaires ». Pour lui le Royaume-Uni, « confiant, tourné vers l’extérieur et l’avenir, est prêt à jouer son rôle sur la scène internationale alors que le [pays] réinitialise ses relations avec ses alliés mondiaux. Il a appelé aussi à une « relation plus étroite et plus mature avec nos amis de l’Union européenne« .
Pour rappel, lors de la campagne électorale, Keir Starmer avait indiqué qu’il s’engageait à ne pas rouvrir l’accord post Brexit, mais chercherait toutefois à surmonter certaines difficultés nées de son application, en particulier sur les contrôles aux frontières dans le domaine vétérinaire. A l’occasion du G7 ministériel, Jonathan Reynolds a expliqué qu’il allait explorer la possibilité d’un nouvel accord vétérinaire avec les 27, sans pour autant que les dispositions de cet accord potentiel puissent être soumises à la juridiction de la Cour de justice européenne, ce qui constitue un point de blocage pour Londres en termes de souveraineté.
Au plan général, Jonathan Reynolds entend œuvrer « pour des marchés équitables et ouverts avec une concurrence saine [qui] ne peuvent être obtenus que grâce à une interaction ciblée entre les gouvernements, les entreprises et les institutions comme le G7. » Plus concrètement, le nouveau secrétaire d’État s’inscrit clairement dans la ligne du précédent pouvoir conservateur dans sa quête d’accords de libre-échange post-Brexit avec le plus grand nombre de pays possibles.
Jonathan Reynolds veut ainsi reprendre « le plus tôt possible » les négociations avec l’Inde, actuellement au point mort. Un accord avec le Canada sera aussi recherché, sans toutefois de calendrier. Quelques jours après sa prise de fonction, le secrétaire d’Etat britannique a par ailleurs rencontré le 10 juillet dernier à Londres le secrétaire général du Conseil de coopération du Golfe (CCG) Jassem Mohamed Albudaiwi, et affirmé à cette occasion qu’il entendait conclure avant la fin de 2024 l’accord de libre-échange entre le Royaume-Uni et le CCG déjà en négociation.
La nomination de Jonathan Reynolds à la tête d’un ministère aux attributions très larges (appui aux entreprises, commerce international, industrie…) n’a pas constitué une surprise. Dans la tradition politique britannique, il occupait depuis 2021 le poste de secrétaire d’État aux Entreprises et à la stratégie industrielle au sein du cabinet fantôme de Keir Starmer. Membre du comité exécutif du parti travailliste, Jonathan Reynolds, natif du nord-est de l’Angleterre, est député de la circonscription Stalybridge et Hyde, près de Manchester dans une région marquée par la désindustrialisation. Il succède à Kemi Badenoch, titulaire du poste depuis 2023 dans le gouvernement conservateur de Rishi Sunak.
Jonathan Reynolds a organisé dès sa prise de fonction à son ministère une « conference call » avec 170 dirigeants d’entreprises et annoncé la mise en place d’une adresse e-mail dédiée (« Tell Jonathan ») pour recueillir leurs suggestions. De quoi préparer aussi une échéance importante qui se profile pour l’automne. Début octobre, le gouvernement travailliste va organiser un grand sommet de l’investissement réunissant des dirigeants du monde entier avec pour gageure de dépasser les 29,5 milliards de livres de promesses d’investissements annoncés lors d’un sommet similaire organisé par Rishi Sunak le 17 novembre 2023. Avis aux bookmakers, les paris sont ouverts…