Devenue un véritable enjeu sociétal, la RSE est au cœur des débats. Poussée par ses salariés, attendue par ses clients internationaux, l’entreprise française doit inventer un nouveau modèle, plus responsable, plus inclusif, plus innovant. C’est peut-être une chance à saisir pour reprendre un leadership.
Près de 400 chefs d’entreprises étaient rassemblés à Lyon le 20 juin dernier pour réfléchir sur ce thème, invités par les Conseillers du Commerce Extérieur de la France Auvergne Rhône-Alpes. « C’est une vraie lame de fond » explique Morane Huet le Président des CCE. « On a atteint les limites de la globalisation et de la mondialisation. La crise russe et ses conséquences finissent de nous pousser à reconstruire totalement nos modèles. C’est en réalité ce que nos partenaires à l’international attendent de nous, c’est aussi ce que nos salariés attendent de nous, il est devenu nécessaire de nous réinventer en intégrant ce sujet comme une constante de l’ensemble de nos actions » explique-t-il.
« Ce chemin va nous permettre de nous différentier sur le chemin de la réindustrialisation et va être l’un des facteurs différentiant de nos entreprises industrielles. »
« On ne va refaire ce que les Chinois savent très bien faire ! On ne va pas relocaliser des process basiques, ce serait suicidaire et voué à l’échec. Nous nous dirigeons tous sur un nouveau chemin, celui de l’innovation et ce chemin va nous permettre d’intégrer des procédés plus vertueux. »
Morane Huet, Président de l’entreprise Mersen et Président des CCE est devenu le porte-parole de cette thématique. Ambassadeur du Coq Vert de la BPI, c’est un éclaireur de la transition écologique.
« Nous avons une occasion très rare de repartir d’une page blanche en ayant la possibilité de réinventer des procédés de fabrication industriels qui seront vertueux. Nous pouvons le faire aussi parce que nous serons soutenus par les fonds pour la réindustrialisation, par des dispositifs de crédit d’impôts qui n’existent pas forcément ailleurs. »
« Je ne cherche pas l’adhésion à tout prix, sur un sujet comme celui-là » explique Morane Huet, « c’est une problématique d’engagement très personnelle, d’hommes et de femmes, de citoyen, de chef d’entreprise. Mon objectif est d’aiguiser l’intérêt. Et quand on travaille à l’international on est forcément curieux et en alerte. »
Si la thématique a fait l’unanimité des entrepreneurs présents pour Morane Huet il ne faut surtout pas donner de leçons. « Il faut que l’on devienne des leaders dans des domaines nouveaux : des applications de l’hydrogène aux vêtements intelligent, on a la chance d’avoir un écosystème très favorable à l’innovation, c’est le moment de sortir du cadre. »
Pour les entrepreneurs présents c’est aussi une question d’accès au financement de leur entreprise : pas de politique RSE vertueuse, pas de financement.
Enfin la raison la plus immédiate, est de pouvoir attirer les meilleurs talents. « On est proche du plein emploi » reprend Morane Huet. « Le rapport de force employeur / collaborateur s’est inversé, la notion de valeur portée par l’entreprise est devenue un élément fondamental de cohésion des équipes et d’attraction de nouveaux talents. »
Que penser de cette nouvelle réalité … sinon que l’Europe doit mieux se protéger de l’extérieur, car on ne peut pas porter des discours de ce type sans exiger des autres qu’ils respectent ces mêmes vertus. Pour Morane Huet il faut être réaliste, le monde est comme la tectonique des plaques. « Il faut avoir des stratégies dédiées par zone géographique et produire en s’adaptant à sa zone de consommation. Notre enjeu sur la RSE est une façon de se réinventer et de progresser. Ce n’est donc pas une contrainte, mais une opportunité. L’objectif n’est pas de dire ce qu’il faut faire, la transition énergétique et la RSE sont une affaire de courage et d’amour. »