Après le défaut d’un client chinois majeu,r le groupe coopératif normand repart à l’offensive sur le marché asiatique. En misant notamment sur le e-commerce en Chine.
Se relever après un coup dur c’est ce qu’est en train de réussir Maîtres Laitiers du Cotentin.
Ce groupe coopératif normand avait lourdement investi, 116 millions d’euros en 2016, dans une usine de lait infantile en briquette dédiée au groupe chinois Synutra, avant que celui-ci ne lui fasse faux bond moins de 18 mois plus tard. Malgré des contrats dûment signés.
Et c’est par l’international que ce groupe d’environ 2 milliards d’euros de chiffres basé à Sottevast (Manche) est en train d’assurer la pérennité du site ultra-moderne situé à Méautis (Manche) inauguré en septembre 2017 pour une capacité de 150 millions de litres.
Pour cela, l’équipe de direction s’est mobilisée avec sa cellule internationale qui compte une demi-douzaine de collaborateurs. « Nous sommes en phase finale pour la conclusion d’importants contrats en Asie pour du lait UHT. De quoi charger à hauteur d’environ 60% d’ici à l’automne 2021 le site qui était quasiment à l’arrêt », indique Guillaume Billard, directeur grand export du groupe qui en France et en Europe vend en grande partie en MDD, mais aussi sous ses marques Montebourg, Valco, Maîtres Laitiers ou Val de Saire.
Pour atteindre ce résultat après le défaut de Synutra, «nous avons entrepris au grand international un travail systématique de prospection et de recherche de partenaires commerciaux solides. Ce travail commence à payer », explique Guillaume Billard.
Communiquer sur le modèle normand
Pas totalement échaudé par l’expérience Synutra, le groupe a choisi de prospecter en Chine, seul marché susceptible d’apporter des volumes importants. Il s’est assuré une visibilité sur ce marché avec, par exemple, un site internet en chinois sous la marque Normandie 1905 dont le logo est accompagné… d’une Tour Eiffel. « L’image de la France dans l’alimentaire est très forte en Chine.»
Dans une logique « premium, nous mettons fortement en avant les conditions d’élevage et le système normand de fermes familiales. Ce modèle a de la valeur, par comparaison aux grandes exploitations néo-zélandaises ou même polonaises ».
Le groupe s’est aussi assuré une présence via des importateurs sur les grandes plateformes de e-commerce, canal de vente en plein boom en Asie dans la suite des géants comme TMall (Alibaba) et JD.com. « Le e-commerce dans l’alimentaire était déjà en phase d’expansion, mais la crise a extraordinairement accéléré son développement. C’est devenu un canal incontournable », pointe Guillaume Billard.
Le laitier avait aussi déployé début 2020 un VIE à Taiwan. Et s’était appuyé sur les services de la Team France Export. « Je dois dire que ce dispositif et le regroupement des forces de la France à l’international est une stratégie positive. Cela nous a aidé dans nos démarches commerciales et l’identification de partenaires », se félicite Guillaume Billard.
En parallèle des travaux (7 millions d’euros) ont été conduits dans l’usine de Meautis, d’abord pour accueillir des lignes de production de crème et beurre destinés au marché européen et surtout pour adapter les lignes au nouveau marché visé, le lait UHT en brique. Maitres Laitiers du Cotentin a par ailleurs intensifié sa prospection sur le Moyen Orient depuis Dubaï où il a un bureau. De quoi préparer le rebond en 2021, pour ce groupe par ailleurs très affecté par la plongée du marché français de la RHF, un de ses points forts.
Pierre-Olivier ROUAUD