Avec le blocage du canal de Suez qui a engendré un arrêt puis un ralentissement du trafic de plus de 10 jours, c’est une occasion pour les armateurs qui ont subi des dommages financiers très importants, de se poser des questions sur la pertinence d’utiliser des routes alternatives en passant par le cap de Bonne Espérance ou par la route du Nord à la bonne saison. Dans tous les cas cela aura probablement des conséquences sur le prix de conteneurs durablement.
On parle de 5 à 7 milliards de dollars de perte pour le blocage du canal de Suez pour le moment et la somme pourrait doubler si on tient compte des dommages pour les chargeurs… Cette mésaventure fait réfléchir des armateurs dont le coût d’affrètement d’un porte-conteneur dépasse les 50 000 euros par jour, 10 jours d’immobilisation c’est au minimum 500 000 euros de perte sèche dans leur programme et une rotation en moins dans le calendrier actuel, donc un manque à gagner proche du triple par bateau.
Côté gouvernement égyptien c’est une perte de 30 à 40 M$ par jour de péage non perçu, sans compter les frais de travaux sur berge pour libérer le bateau et la mobilisation sur le sujet.
Les accidents dans le canal sont peu nombreux, moins d’une centaine en 10 ans, et c’est aussi la 1ère fois qu’un accident bloque le canal aussi longuement. Le gouvernement égyptien de son côté a entrepris le doublement du canal par élargissement avec un objectif de mise en place d’une double voie en 2023. Si le chantier a pris du retard, il est totalement nécessaire, car aujourd’hui, c’est environ 50 bateaux porte-conteneurs géants ou pétroliers qui peuvent transiter par le canal tous les jours.
La faute également aux armateurs dont la course au gigantisme engendre des navires toujours plus grands, toujours moins manoeuvrables qui font prendre des risques dans des passages aussi complexes que peut être le canal de Suez.
Va-t-on vers un changement de politique des armateurs qui pourraient avoir un intérêt à prendre une route plus longue avec des bateaux plus performants et moins gourmands ? La question est sur la table. Une baisse des prix du pétrole ou du gaz, associés a une augmentation des tarifs des conteneurs Asie-Europe faits réexaminer ces solutions avec comme inconvénient un transit Time plus long de 9 à 10 jours. Une autre alternative prônée par les Russes serait de passer par la route du Nord qui s’ouvre plus longtemps dans l’année avec le réchauffement climatique et qui pourrait toucher les ports du nord de l’Europe et de la Russie.
Dans tous les cas cette crise a permis de voir la fragilité d’un système et d’une route maritime rendue dangereuse par l’augmentation de la taille des navires et l’ensablement du canal, qui même s’il doit être agrandi par les Egyptiens, reste une proie facile pour des groupes d’extrémistes dans une zone assez fertile en conflits.
La conséquence va pour les chargeurs êtres réels : une augmentation des taux de fret et une évolution des routes maritimes qui risquent pour certaines d’augmenter le transit Time.