Avec une demande qui repart, et les avatars du canal de Suez, il semblerait que les prix du transport maritime restent à des niveaux très élevés pour les mois qui viennent et surement jusqu’a la fin de l’été. Ce n’est pas sans poser des questions à de nombreux importateurs qui se retrouvent avec des conteneurs en provenance de Chine qui ont pratiquement doublé de prix depuis quelques mois et qui rendent leur équation économique d’importation beaucoup plus fragile.
La plateforme Upply a publié son baromètre du trafic du fret conteneurisé il y a quelques jours et confirme cette analyse de son coté. « Les compagnies maritimes continuent à déplacer le barycentre des prix moyens du transport vers le haut. Les clients sont de plus en plus orientés vers des outils digitaux qui leur proposent des taux « à prendre ou laisser », et la place pour la négociation classique se restreint. Les compagnies parviennent ainsi à augmenter le « panier moyen ». » explique l’analyste de Upply.
« Le marché craint maintenant des embouteillages monstrueux dans les rades des grands ports occidentaux et asiatiques, alors que les terminaux souffrent déjà d’une désorganisation du travail liée au manque de fiabilité des services de ligne ces derniers mois. Le spectre d’une tendance inflationniste sur les prix à la consommation paraît de plus en plus tangible, la marchandise n’ayant pas d’autres choix que de payer l’ensemble des surcoûts. Ceux-ci pourraient devenir la norme. »
On parle aujourd’hui de 5000 $ le conteneur 20 pieds entre la Chine et la France contre 2700 il y a un an. Si cette tendance perdure, l’analyse des coûts de transport sur des produits à faible valeur ajoutée s’en trouve bouleversée.
Le deuxième effet est la généralisation des surcoûts notamment de garantie d’embarquement du conteneur qui peuvent aujourd’hui représenter 20% de la valeur du fret. La notion de service associé est maintenant valorisée par les compagnies qui veulent aujourd’hui établir une hiérarchie au sein des chargeurs, et une notion de service payant.
« La température sociale monte dans les terminaux portuaires qui, en plus d’être soumis à des protocoles Covid contraignants, ne parviennent pas à lisser correctement le travail, compte tenu de la désynchronisation des navires » expliquent les gens de Upply. « Les terminaux sont de plus en plus engorgés, et le temps moyen de passage à quai des conteneurs s’allonge. Les transporteurs routiers aussi sont en ébullition, avec de plus en plus d’aléas dans la gestion des « rendez-vous » pour livrer ou récupérer les conteneurs. L’énervement sur les quais est perceptible et d’une certaine façon légitime. Les choses ne vont pas s’arranger à court terme. On s’attend au cours de la deuxième quinzaine d’avril à l’arrivée massive dans les ports occidentaux des nombreux navires qui ont été retardés par l’incident de l’Ever Given dans le Canal de Suez. De quoi augmenter encore les tensions ressenties à terre dans une majorité des grands ports conteneurisés. »
On observera de façon très factuelle la convergence de prix des services de conteneurs de ferroviaire de la route de la soie avec ceux du transport maritime. Le ferroviaire ayant un transit time de 25 jours contre 40 jours par la voie maritime. Tout cela mérite une réflexion et un peu de patience pour comprendre les changements de fonds dans le secteur. Mais dans tous les cas il faut regarder de façon très attentive et les prix, et les services, et le transit time qui risquent de se modifier encore dans les prochaines semaines.