Les prix de la majorité des produits alimentaires de base flambent sur le continent. Particulièrement tendue en Afrique du Nord et de l’Ouest, la situation a conduit plusieurs États comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal, ou la RDC, à prendre des mesures pour protéger le pouvoir d’achat de leurs concitoyens : instauration de prix plafond, baisse de TVA, suspension des taxes à l’importation ou douanières, etc…
Le Groupement inter-patronal du Cameroun (GICAM) qui constate que certains produits alimentaires ont affiché une hausse record de 20% entre janvier 2021 et janvier 2022, et que «la situation est loin de connaître une amélioration visible» dans le pays, appelle fermement le gouvernement à prendre des dispositions pour y mettre un terme.
Pour David Cowan, économiste en chef Afrique de Citi, cette inflation des prix des denrées alimentaires n’est pas vécu de la même façon partout en Afrique. « Sur l’année 2021, seuls quatre pays ont connu une hausse annuelle des prix à deux chiffres, le Nigeria, l’Angola, la Zambie et l’Éthiopie. En fin d’année, cette inflation alimentaire s’est étendue à la Côte d’Ivoire (avec un taux annuel de 12,2 % en novembre 2021) et au Ghana (12,8 % sur la même période). A titre d’exemple, le sac de farine de blé de 50 kg passé de 11 000 à 23 000 francs CFA (35 euros) en Côte d’Ivoire.
Selon une enquête du site Web financier Investopedia, les cinq pays les plus durement touchés par cette inflation de façon générale sont:
- Soudan – avec un taux d’inflation le plus élevé du continent selon Reuters autour de 387,56 %.
- Zimbabwe – avec un taux d’inflation de 56 % selon Bloomberg
- Éthiopie – son taux d’inflation est grimpé à 34,2 % en octobre 2021
- Angola. – c’est le quatrième taux d’inflation le plus élevé d’Afrique à 29,7%.
- Soudan du Sud – le taux d’inflation dans ce pays s’élève à 29,68 %.
Dans son dernier bulletin des statistiques, la BCEAO confirme bien que l’inflation, surtout alimentaire, gagne du terrain dans la zone UEMOA. Le taux d’inflation dans la zone de l’Union économique et monétaire ouest-africaine s’accélère et atteint 6,5% en janvier, contre 6% en décembre, sous l’effet principalement de l’augmentation des prix alimentaires « en premier lieu celui des céréales dans la plupart des pays de l’Union et, dans une moindre mesure, ceux des légumes et tubercules frais. A ces facteurs internes à la zone économique se superpose l’envolée des cours mondiaux des denrées alimentaires couplées à une hausse exponentielle du coût du fret » constate la banque régionale.
Si cette poussée inflationniste s’inscrit dans une tendance mondiale constate effectivement l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dans un communiqué publié vendredi dernier (+ 28 % en un an pour les prix alimentaires principalement imputable aux huiles végétales et aux produits laitiers ), elle intervient dans un contexte difficile de relance post pandémie et devrait durer une bonne partie de l’année 2022.
De plus, ces prévisions ne prennent pas en compte les éventuelles répercussions du conflit en Ukraine. L’invasion russe a conduit à une envolée totalement inédite des cours des céréales et des oléagineux et a bouleversé les routes traditionnelles des grains qui cherchent désormais à contourner la mer Noire. Le produit « le plus sensible » est l’huile de tournesol, dont l’Ukraine assure la moitié du commerce mondial. De plus, la Russie et l’Ukraine représentent 30% du commerce mondial de blé. Les importateurs, notamment l’Egypte, cherchent donc de nouveaux approvisionnements.