PAR AURÉLIEN GIRAUD, DIRECTEUR ADJOINT V.I.E
Pas aussi rigide qu’imaginé par beaucoup d’entreprises, le V.I.E est soumis à un certain nombre de règles, légales… ou de bon sens.
NE PAS FAIRE
1/Négliger le recrutement
Un recrutement adapté est primordial. « Souvent, en cas de problème, l’erreur initiale est liée au choix du collaborateur», soutient Aurélien Giraud, Directeur adjoint V.I.E chez Business France. Il convient de bien adapter le profil du candidat au type de mission. Attention, un jeune surqualifié lancé sur une mission longue assez simple s’ennuiera assez vite et pourra ne pas donner satisfaction.
Pour recruter, on peut utiliser la plate forme Civiweb ou les services d’appui de Business France (identification de candidats, présélection, sourcing de profils spécifiques…). « Nous aidons à environ 500 recrutements par an, notamment pour des entreprises dotées de moyens RH limités», note Marie Piffaut, chef de service Civi-Accompagnement RH chez Business France V.I.E Mais la démarche reste totalement libre. Vous pouvez pour une mission donnée, identifier et recruter vous-même le bon profil, sous réserve que les conditions du statut V.I.E. soient remplies (âge…).
FAIRE
2/Bien mesurer la durée de la mission
Un contrat de V.I.E peut aller de 6 à 24 mois. Cette durée doit être adaptée à la mission : simple prospection commerciale, création d’un réseau de distributeurs, appui technico-commercial auprès d’un client, etc… Sauf tache ponctuelle, un contrat de 6 mois reste court, compte tenu du temps d’acculturation locale et de prise de fonction. A l’inverse, 24 mois constituent un engagement lourd. Pour les PME ou ETI, un temps séjour de 12 mois est un bon compromis qui permet de déployer une action sur la durée en limitant le risque en cas de non pertinence de la mission ou d’erreur (légère) de recrutement. «En faisant valoir la possibilité d’un prolongement, cette durée de douze mois peut constituer une forme de challenge pour le jeune », souligne Aurélien Giraud. A noter que certains pays imposent des restrictions particulières, par exemple une durée maximale de 18 mois aux Etats-Unis.
FAIRE
3/Former en profondeur
Une bonne formation sur l’entreprise et son mode de fonctionnement est indispensable, davantage encore que s’il travaillait en France. Une période d’intégration et de rencontres avec tous ses futurs interlocuteurs au sein de l’entreprise est indispensable. Une semaine apparaîtra trop faible, surtout pour les destinations lointaines. Ce temps de formation peut être aussi segmenté puisque pour un contrat V.I.E de 12 mois la possibilité de séjourner en France va jusqu’à 182 jours. Sous réserve du budget de déplacement ou de la distance (revenir d’Australie prend du temps!), les quotas de « jours France » peuvent servir au V.I.E à parfaire la formation, redéfinir la mission, etc…
NE PAS FAIRE
4/Négliger son V.I.E
« Cela devient une exception, mais on voit encore des entreprises qui prennent un V.I.E puis le laissent se débrouiller pendant presque toute la durée de la mission dans son pays d’accueil», déplore Aurélien Giraud. Il convient, bien sûr, de faire l’inverse. Un V.I.E, même isolé, requiert un encadrement fort au même titre, sinon plus, qu’un CDI. Cela vaut pour le séjour à l’étranger ou pour la phase initiale en France. En poste, le jeune doit avoir des objectifs clairs avec des étapes réalistes et un manager direct sur place, ou en France, capable de lui consacrer du temps. Certaines structures d’accueil (bureaux Business France, sociétés d’accompagnement, chambres de commerce…) offrent des services (payants) de coaching personnel, ce qui peut aider à la réussite de la mission.
FAIRE
5/Respecter les règles du jeu
La première obligation d’une entreprise est de donner au jeune les moyens de réussir sa mission, ce qui suppose un budget clair. Un V.I.E ne peut travailler de chez lui (hormis lors d’une période exceptionnelle de confinement comme lors de la crise covid-19) et doit intégrer, soit une filiale, soit une structure d’accueil (portage, bureau Business France, chambre de commerce, partenaire etc…). On veillera à avoir un contact direct dans cette structure, ainsi qu’avec un représentant local de Business France ou des services consulaires. En cas de crise sanitaire ou autre, tous ces contacts seront précieux.
Le jeune qui s’engage avec Business France est, in fine, sous la responsabilité de l’Etat. Il convient de vérifier qu’il comprenne bien ses devoirs car « il représente l’image de la France, y compris hors du travail, ce n’est pas anodin », pointe Aurélien Giraud. Une attitude « professionnelle » et une certaine réserve dans les activités personnelles sont de mise pour le V.I.E. A l’inverse, le jeune peut demander à Business France une fin de mission anticipée si l’entreprise ne joue pas son rôle ou en cas d’impasse commerciale constatée. « Le V.I.E est un engagement qui prévoit des conditions de rupture », rappelle Aurélien Giraud.
NE PAS FAIRE
6/ Mal anticiper la fin
La fin ordinaire du contrat, par nature à durée déterminée, doit être anticipée. Une prolongation est possible, mais une seule fois. Elle doit être prévue de 1 à 3 mois à l’avance avec Business France et bien sûr le jeune. En cas d’extension, celui-ci doit avoir le temps d’organiser sa vie pratique (logement…) et d’adapter sa mission (prospects…). Il est souhaitable aussi d’être clair avec le V.I.E, qui a son propre agenda de carrière, sur les possibilités d’emploi à son retour en France ou sur le lieu de la mission, là encore assez tôt. « Les jeunes n’attendent pas, ils anticipent la prochaine étape de leur parcours. A trop tarder, l’entreprise peut voir s’échapper un talent qui lui a donné satisfaction», note Aurélien Giraud.
Pierre-Olivier ROUAUD
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