La quatrième édition du Forum des mines et du pétrole de la CEDEAO (Ecomof 2024) s’est tenue à Cotonou il y a quelques semaines et a accueilli près de 2000 participants dont de nombreux dirigeants ouest-africains et décideurs des industries minières et pétrolières de la région. L’occasion idéale de réfléchir autour de stratégies pour une meilleure contribution des secteurs minier et pétrolier au développement des Etats membres.
L’Afrique détient d’importantes réserves de minerais critiques, tels le manganèse, le chrome, le lithium ou le platine, ce qui lui confère une position dominante sur le marché mondial de ces ressources mais le principal problème pointé du doigt est que « le continent continue de subir les conséquences d’une exploitation de ses matières premières se traduisant par l’exportation de produits bruts à faible valeur ajoutée et l’importation des produits finis à forte valeur ajoutée. » L’objectif commun est donc de mutualiser les efforts pour inverser cette tendance.
Pour Samou Adambi, le Ministre de l’énergie, de l’eau et des mines béninois, une des solutions est la transformation sur place des ressources minières et pétrolières, le développement du contenu local, la mise en place des infrastructures transfrontalières et la création d’institutions financières fortes pour accompagner la dynamique. Ce besoin de promouvoir la création de chaine de valeur locale et régionale a été partagé par la Vice-présidente de la Commission de la CEDEAO qui a par ailleurs évoqué d’autres défis majeurs à solutionner comme la méconnaissance du potentiel minier, la faible capacité de financement, la nécessité de s’assurer du respect des normes communautaires ou le manque de ressources humaines. D’autres pays ont aussi abordé l’encouragement des pratiques responsables ou l’innovation technologique.
Tous ont ressenti l’importance d’une mutualisation qui devrait permettre l’amélioration de la capacité de négociation, la réduction des coûts d’exploitation ainsi que le partage des risques. Cependant, un problème majeur de la transformation locale est celui du financement. Pour les États, le défi est bien de réussir à attirer des investisseurs prêts à dépenser les fonds nécessaires pour construire et installer sur place des usines ou construire des routes.
C’est dans ce contexte qu’ont émergé des projets de zones économiques spéciales (ZES) autour de la transformation des minerais. Après la « Platinum Valley » d’Afrique du Sud (l’Afrique du Sud, premier producteur mondial de platine, a l’intention de développer une vallée de l’hydrogène vert pour devenir un pôle industriel dans ce domaine) la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique et Afreximbank se sont récemment associées pour créer une ZES pour la production de batteries et de véhicules électriques en RDC et en Zambie.
L’enjeu est de taille. Avec l’accélération de la transition énergétique et numérique, les besoins mondiaux en minerais critiques connaissent déjà une croissance exponentielle. Au regard de l’immense potentiel minier de la sous-région il n’y a aucun doute qu’en unissant leurs forces et en mutualisant leurs ressources, les pays membres pourraient libérer tout ou partie du potentiel de leurs richesses naturelles mais aussi transformer leurs économies pour le bien-être de leurs populations.