Conduit par Olivier Bordais, patron de La Chocolaterie, ce projet prévoit la mise en service d’une unité de chocolat de couverture au nord de Yaoundé.
Du Finistère au département de la Lékié au Cameroun… Olivier Bordais, patron fondateur de l’entreprise La Chocolaterie a organisé le 31 mai dernier la pose de la première pierre d’une future unité de transformation de cacao à Obala, à 40 km au nord de Yaoundé. Une manifestation à laquelle participaient plusieurs officiels, dont le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana, et celui de l’Agriculture et du Développement rural, Gabriel Mbaïrobe.
L’unité d’Obala (qui n’est pas portée par la société La Chocolaterie) sera tournée vers la production de chocolat de couverture de qualité destiné aux professionnels à l’échelle internationale : chocolatiers, restaurateurs, pâtissiers, glaciers… Elle nécessite un investissement estimé à 1,5 million d’euros et est dirigée par Anthony Placier. L’achèvement est prévu d’ici un an avec une production envisagée de l’ordre d’une centaine de tonnes.
Basée à Saint-Thonan près de Landerneau, la société La Chocolaterie a été créée par Olivier Bordais [à droite sur la photo) et son épouse Christelle. Cet ancien adhérent E.LEclerc a vendu l’hypermarché de Landerneau en 2019 qu’il exploitait depuis près de vingt ans pour se consacrer à plein temps au chocolat, activité qu’il a lancée en 2015. La Chocolaterie opère selon un mode hybride via un site marchand sur le web et un réseau d’une dizaine de boutiques en Bretagne et région parisienne. Olivier Bordais n’en est pas à son coup d’essai dans l’intégration amont. Il a, en effet, lancé depuis quelques années avec quelques associés une plantation de cacao au Brésil. Nommée Fazenda Ouro Verde et située dans l’État de Bahia, cette plantation de 500 ha est vouée à assurer une partie de l’approvisionnement en cacao des produits de la marque. Quant au choix du Cameroun pour la nouvelle usine, il s’explique par la qualité des fèves produites dans le pays d’Afrique centrale.
La marque choisie pour cette activité est Chocolat Rouge, un nom qui fait référence aux fèves de cacao rouge, une spécialité haut de gamme du Cameroun. Ce cacao rouge fait d’ailleurs l’objet depuis 2019 d’une demande de labellisation comme Indication Géographique Protégé (IGP) auprès de l’Organisation africaine de la propriété intellectuelle (Oapi). La procédure étant proche de son aboutissement, L’usine a commencé à nouer des partenariats avec des coopératives de planteurs qui, outre le prix du marché, seront intéressés à la qualité par un système de bonus. De plus, une plantation expérimentale d’un hectare va jouxter l’usine et servir de zone pilote et de lieu de formation pour les planteurs, en s’inspirant des techniques culturales mises en œuvre au Brésil par David Pujol, directeur de l’exploitation.
Le Cameroun compte parmi les pays producteurs de cacao de taille moyenne en Afrique, loin des leaders que sont le Ghana et surtout la Côte d’Ivoire (1,4 million de tonnes). Selon l’Office national du Cacao et du Café (ONCC) du Cameroun, la production s’est élevée, lors de la campagne 2022-2023, à 262 112 tonnes, soit un repli de 11,19% sur la campagne précédente, ceci en raison de mauvaises conditions phytosanitaires et météorologiques. L’objectif des pouvoirs publics dans les différents plans de développement de la filière, ces dernières années, se chiffre lui à au moins 300 000 tonnes. Le taux de transformation atteint en 2022-2023, quant à lui, 34% (89 204 tonnes). En dessous de l’objectif officiel fixé à 40%, ce taux a nettement progressé ces dernières années, à la faveur de plusieurs investissements dans des usines de broyage. Six opérateurs transforment industriellement des fèves au Cameroun, à savoir, Sic Cacaos, filiale du Suisse Barry Callebaut, Chococam, filiale du groupe sud-africain Tiger Brands, Atlantic Cocoa (groupe Dossongui) et les Camerounais Neo Industry et Africa Processing. A ceci, s’ajoutent trente-cinq unités artisanales recensées par l’ONCC qui chiffre leurs achats à 457,7 tonnes de cacao lors de la dernière campagne. Il faudra bientôt compter aussi avec Le Chocolat rouge…