D’une taille de 75 millions de dollars, le nouveau fonds africain de Breega vise les startups au stade de démarrage et a déjà investi dans sept jeunes pousses. Il cible les grands pays anglophones de la tech, mais aussi l’Afrique francophone. Ceci dans un contexte de déprime du secteur.
Déjà à la tête de plus de 600 millions d’euros d’actifs en France et en Europe, le gestionnaire de fonds basé à Paris Breega se lance en Afrique. En dépit de la crise actuelle du capital-risque, il vient de révéler la création d’un fonds nommé Breega Africa Seed I, dont la taille cible du premier closing se situe à 75 millions de dollars.
Ce véhicule financier est soutenu par des investisseurs institutionnels de premier plan. Parmi ceux-ci figurent Bpifrance et l’institution néerlandaise FMO. Mais le fonds a aussi levé des capitaux auprès d’investisseurs privés, en particulier des entrepreneurs de la tech africains, français ou britanniques.
Breega a été fondé en 2013 par Maximilien Bacot, François Paulus et Ben Marrel, actuel directeur général. Il a déjà investi dans plus de 100 startups dans une quinzaine de pays. Avant même le closing de son fonds Afrique, Breega déjà investi ces dernières années dans sept jeunes pousses africaines, à savoir Numida (fintech en Ouganda), Hohm Energy (toits solaires en Afrique du Sud), Socium Job (recrutement.au Sénégal et en Côte d’Ivoire), Klasha (paiements transfrontaliers au Nigeria), Kwara (fintech au Kenya), Coachbit (edtech en Afrique du Sud) et Sava (gestion de dépenses professionnelles en Afrique du sud). Breega Africa Seed entend investir dans des entreprises en phase de démarrage, avec une composante numérique forte : fintech, santé, éducation, transport, etc. Le montant prévu des tickets d’investissement se situera dans une fourchette allant de 0,1 à 2 millions de dollars.
En termes géographiques, le fonds cible surtout l’appui à des startups dans les pays poids lourds de la tech africaine : Nigeria, Égypte, Afrique du Sud et Kenya. Ces quatre pays ont représenté en valeur 79% du capital investissement en Afrique ce premier semestre 2024, selon le consultant Africa : The big deal.
Deux responsables d’investissement de Breega sont déjà pied d’œuvre : Melvyn Lubega au Cap en Afrique du Sud et Tosin Faniro-Dada à Lagos au Nigéria (photo avec le directeur général Ben Marrel). L’Afrique francophone figure aussi dans le « scope » du capital risqueur, en particulier le Maroc, la RDC, le Sénégal et la Côte d’Ivoire.
Hormis la France, Breega dispose de bureaux à Londres et Barcelone. Il a lancé son quatrième fonds généraliste en juin 2022 à hauteur de 250 millions d’euros.
A noter qu’en mars dernier, un autre gestionnaire de fonds français orienté sur le démarrage et le capital risque a, lui aussi, créé un fonds centré sur l’Afrique, à savoir Ring Capital conduit par Nicolas Celier. Nommé Ring Africa, ce véhicule d’investissement vise une taille de 50 millions d’euros d’ici à deux ans et est présidé par l’ancienne ministre Elisabeth Moreno. Sa particularité est de s’appuyer pour sélectionner ses investissements sur une structure existante en Côte d’Ivoire, à savoir Mstudio Abidjan.
L’industrie du capital investissement en Afrique traverse depuis 18 mois une crise profonde. Sous l’effet des difficultés de financement au plan mondial et de valorisations devenues excessives, les levées de fonds sur le continent ont chuté de 46% en 2023 à 3,5 milliards de dollars, indique le rapport annuel 2023 de Partech. Selon les tout derniers chiffres de Africa : The Big Deal, les levées de fonds ont à nouveau plongé de 57% ce premier semestre 2024 comparé à la même période de l’an dernier.