Le Fonds monétaire international (FMI) a publié jeudi dernier un rapport sur les perspectives économiques en Afrique subsaharienne. Selon ce rapport, la croissance devrait être moins rapide que prévue en 2022 en raison de l’inflation, des conséquences de la guerre en Ukraine et de la pandémie.
En effet, depuis son apparition, le Covid-19 a perturbé le marché du travail et augmenté le niveau de pauvreté. « La tendance à long terme de diminution de la pauvreté qui s’était installée dans la région s’est inversée, et 39 millions de personnes supplémentaires sont tombées dans l’extrême pauvreté en 2020 et 2021 », déplore le FMI.
Le tourisme est aussi particulièrement touché par les conséquences de la crise. Cette année, les chiffres ne sont toujours pas retournés à leur niveau d’avant la pandémie, et cela pèse sur les performances économiques de plusieurs pays du sous-continent. Certains pays, comme le Cap-Vert ou l’île Maurice, « sont confrontés à des pertes de revenus persistantes pouvant atteindre 15 % du PIB », le FMI insiste donc sur la nécessité d’accélérer la campagne de vaccination pour éviter d’exposer ces pays à de nouveaux variants.
Malgré la guerre en Ukraine et la pandémie, le FMI estime que la croissance de l’Afrique subsaharienne devrait s’établir à 3.8%, ce qui signifie qu’elle est tout de même en hausse de 0.1% par rapport à ses prévisions de janvier dernier.
La flambée des cours du baril de pétrole devrait permettre d’éviter le pire et tirer la croissance de certains pays producteurs de pétrole (Nigéria, Niger, Angola). Le Niger par exemple, dont la production pétrolière devrait fortement augmenter ( pour passer de 20.000 barils par jour à 100.000 ) devrait afficher la plus importante croissance du continent avec un PIB en hausse de 6.9% cette année. Derrière se positionnent le Soudan du Sud avec un PIB en hausse de 6.5%, le Rwanda avec 6.4%, La RDC avec 6.4, l’île Maurice avec 6.1, et enfin, la Côte d’Ivoire avec 6%. Sur les 45 Etats que compte l’Afrique subsaharienne, huit sont exportateurs de pétrole et peuvent espérer tirer profit de la hausse des prix du carburant. Les recettes budgétaires pour 2022 des pays concernés, ont été revues à la hausse de 2.1 points par le FMI. Cependant, les 37 autres subiront de plein fouet les conséquences négatives de cette augmentation.
Au nord du continent, c’est l’Egypte qui devrait afficher la meilleure performance de la région en 2022, avec une croissance de 5.9% en 2022 et 5.0% en 2023. Croissance principalement entrainée par les secteurs exportateurs du gaz et du tourisme.
Pour 2023, le Niger devrait laisser sa place au Sénégal. Selon les prévisions du rapport du FMI, le territoire sénégalais devrait afficher la plus forte croissance économique du continent avec un PIB en hausse de 9.5%, après une hausse de 5% cette année. Le pays devrait lui aussi tirer profit de l’exploitation de ses hydrocarbures ( gaz et pétrole).
C’est dans la Zone de libre-échange continentale (ZLEFAC) que le FMI place l’essentiel de ses espoirs. La ZLEFAC « doperait fortement la croissance et la compétitivité de la région » et pourrait constituer la plus grande zone de libre-échange au monde, dotée d’un marché de 1.2 milliard de consommateurs pour un PIB de 2 500 milliards de dollars. Elle permettrait surtout à l’Afrique subsaharienne de s’intégrer dans les chaînes de valeur globales comme région pourvoyeuse de matières premières, mais également comme exportatrice de biens et produits manufacturés.