La 8e Conférence internationale de Tokyo pour le développement en Afrique (TICAD 8), organisée les 27 et 28 août dernier à Tunis par le Japon, les Nations unies, la Banque mondiale et l’Union africaine, a acté de nouveaux engagements politiques et économiques du Japon.
Le pays a notamment annoncé un plan d’investissement majeur de 30 milliards de dollars en trois ans pour le continent.
Ce plan reprend les trois grands axes de coopération du Japon avec l’Afrique : une accélération de la croissance avec des investissements dans l’économie verte et les start-up ; une « économie résiliente » avec un soutien à la production de médicaments et de vaccins ainsi qu’au renforcement de la sécurité alimentaire. Le Japon souhaite œuvrer dans le domaine de la santé et l’hygiène, l’éducation et l’environnement, notamment la prévention des catastrophes naturelles ; enfin « la paix et la sécurité » en soutenant « la consolidation de la démocratie, l’État de droit, la prévention des conflits et les médiations », notamment au Sahel et dans la Corne de l’Afrique.
Fumio Kishida, le Premier ministre du Japon, a annoncé plus d’un milliard pour aider le continent à faire face à des épidémies comme le Covid-19, et pour soutenir des projets pour lutter contre le réchauffement climatique. Il a aussi prévu un volet « paix et sécurité » pour la formation de policiers, l’aide à l’organisation d’élections, le contrôle des frontières.
Le reste des 30 milliards de dollars doit servir à inciter les entreprises japonaises à investir en Afrique.
le Japon cherche ainsi donc à donner une nouvelle impulsion à sa politique africaine qu’il souhaite plus pragmatique, en mettant, notamment, l’accent sur les investissements. Il faut dire que le solde des IDE (investissements directs étrangers) du Japon en Afrique, qui s’élevait à 12 milliards de dollars fin 2013, est tombé à environ 4,8 milliards de dollars en 2020 contre 65 milliards de dollars pour le Royaume-Uni, 60 milliards pour la France, 48 milliards pour les États-Unis et 43 milliards de dollars pour la Chine au cours de la même période. Même si le nombre d’entreprises japonaises opérant en Afrique a augmenté, l’investissement total a nettement diminué ces dernières années et le Japon a perdu du terrain. « Il était le 4e partenaire commercial des pays d’Afrique subsaharienne en 2004, et n’est plus que 6e« , indique le Financial Times. « Au niveau du continent, il ne fait même plus partie du top 10 des plus importants investisseurs. Le Japon a même été dépassé par Singapour et la Suisse ».
Historiquement ce n’est que lorsque les pays africains ont commencé à connaître une forte croissance vers la fin des années 2000 et au début des années 2010, grâce aux investissements chinois et indiens, que le Japon a réalisé qu’il était en train de rater un train. A partir de ce moment-là le gouvernement japonais a commencé à insister toujours plus sur les investissements des entreprises japonaises en Afrique. Selon le journal économique nippon « Nikkei » les aides japonaises à l’Afrique pourraient même augmenter de 40 % pour les trois années à venir, par rapport à la période précédente (2020-2022) en « réponse » aux États-Unis, à l’Europe et la Chine, qui augmentent tous leur présence en Afrique.
Difficile pour autant de comparer le Japon et son grand rival chinois. Il n’y a qu’un peu plus de 500 entreprises japonaises présentes en Afrique et 70 % des investissements japonais se concentrent sur l’Afrique du Sud. Rien à voir avec les quelque 2 500 entreprises chinoises implantées un peu partout sur le continent africain et la promesse de la Chine de 40 milliards de dollars de prêts aux pays africains l’an dernier.