Le gouvernement veut développer la production électrique verte avec une mise aux enchères de projets ouverte à tout type d’entreprises, nationales ou non, et portant sur un total de 11 GW sur trois ans alors qu’est engagée dans le pays une libéralisation de l’économie.
Grand soleil sur les renouvelables aux Philippines. Le pays présidé par Ferdinand Marcos Jr. s’apprête à lancer un programme de développement des énergies renouvelables d’une ampleur inédite. Le mode opératoire choisi est celui d’un ensemble d’appels d’offres aux opérateurs philippins ou non.
Ce mois de juin le département de l’énergie (DOE) va ainsi mettre aux enchères jusqu’à 11 600 mégawatts de nouvelles capacités électriques sur trois ans par tranches, à savoir 3 600 MW en 2024, 3 600 MW en 2025 et enfin 4 400 MW en 2026.
Ce schéma dit « Green Energy Auction » a été expérimenté avec succès lors d’une première phase en juin 2022 (GEA-1) au cours de laquelle 2 000 MW de capacité ont été attribués à une dizaine d’opérateurs répartis en 18 lots. Ceux-ci couvrent différentes technologies : solaire, éolien, biomasse ou hydraulique avec des tailles très différentes. Le plus petit lot est un parc solaire de 20 MW, le plus grand un « méga barrage » de 6,8 GW emporté par un groupe d’investisseurs philippin réunis dans la société de projet Philnew Hydro Power Corporation.
Ce deuxième tour ne comprend pas d’hydroélectricité, mais un ensemble de projets solaires, éoliens et de valorisation de la biomasse allant de 5 MW (biomasse) à 1 900 MW (parc solaire) répartis dans les trois groupes d’îles principaux de l’archipel, à savoir Luzon, Visayas, et Mindanao.
Le programme GEA-2, comme le précédent, est exempté de la règle qui limite la part des investissements étrangers à 40% dans l’énergie. Cette décision vise à accélérer le développement du secteur. L’essentiel du parc électrique de l’archipel repose en effet sur les fossiles et notamment sur le charbon.
Sur une capacité électrique installée totale de 28 GW en 2021, les renouvelables comptent seulement pour 28%, selon les données de l’agence internationale Irena. La plus grande part dans les énergies vertes revient à l’hydroélectrique (40% de la puissance installée) même si le solaire a été en forte croissance ces dernières années. A ce titre, certaines entreprises françaises ont déjà participé au développement du secteur. Bouygues Energies & Services, BYME et VSL, des filiales de Bouygues Construction, avaient ainsi livré en 2016 une ferme solaire de 132 MWc, sur l’île de Negros pour le compte de Helios Solar Energy (photo).
Aujourd’hui, le gouvernement cherche donc à changer d’échelle dans les énergies vertes (et aussi le gaz naturel) avec un objectif pour celles-ci de 50% du mix en 2040.
En fonction depuis juin 2022, le président Ferdinand « Bongbong » Marcos Jr, 65 ans, fils de l’ancien dictateur Ferdinand Marcos, veut, par ailleurs, dans le domaine de l’énergie, comme dans d’autres, engager un processus de libéralisation de l’économie philippine. Son gouvernement, à travers la National Economic and Development Authority, a ainsi publié le 20 mars 2023 les nouvelles règles sur la participation des capitaux étrangers dans le domaine des services collectifs.
A partir du 4 avril 2023, les entreprises non-nationales sont désormais autorisées à investir jusqu’à 100% dans des secteurs comme les aéroports, les autoroutes, le ferroviaire ou encore les télécommunications.
De quoi soutenir encore la croissance déjà l’une des plus élevées au monde. Le PIB de l’archipel devrait bondir de 6% cette année selon les dernières prévisions d’avril du FMI.