Un récent rapport des experts Euler Hermes (septembre 2021) révèle des exportations européennes en berne depuis deux décennies. Retour sur ce déclin et les moyens pour y remédier.
Les exportateurs de biens européens ont vu leurs parts de marché se contracter de -1.7 point pour la France, -1.3 point pour l’Allemagne et -1.1 point pour l’Italie. Cela, au profit de… la Chine. Cette dernière a su s’imposer comme puissance exportatrice, notamment sur des secteurs industriels stratégiques tels que l’aéronautique, le pharmaceutique ou encore les transports. Si la Chine avait déjà montré son indéniable avantage compétitivité-prix, elle montre désormais qu’elle a su améliorer la qualité de sa production.
Ce revers infligé aux exportations européennes est, entre autres, le fruit de délocalisations progressives impulsées dans les années 1970. Cette déconvenue pourrait être remise en cause à la suite de la crise du Covid-19. En effet, avec la crise sanitaire, les pays européens voient s’ouvrir des opportunités commerciales notamment dans les secteurs de l’agroalimentaire, de la chimie et des machines et équipements. Mais ce sont aussi des transformations structurelles que les politiques publiques européennes doivent encourager. Les actions doivent être ciblées afin d’impulser des transformations économiques, d’éducation et règlementaires profondes, conseille le rapport. Cela passe d’abord par le soutien d’industries à fort potentiel de croissance mais aussi des industries dites « traditionnelles » avec un accompagnement pendant leur phase de transition à une industrie plus verte.
La relocalisation des activités de production, une solution ?
A plus long terme, les pays du Vieux continent doivent repenser leur modèle économique en relocalisant certaines de leurs activités. Comme observé pendant la crise sanitaire, les problèmes subis par la supply chain ont révélé la vulnérabilité des processus de production extrêmement concentrés géographiquement. De cette manière, réduire la dépendance des pays européens à des sites de production étrangers dans des secteurs stratégiques présenterait une opportunité significative en termes de couts.
Néanmoins, la relocalisation des secteurs doit cibler des domaines stratégiques. En effet, un manque de la demande européenne est un obstacle à la production locale de biens industriels à grande échelle.
Ainsi, les pays européens ne doivent pas viser la quantité mais la relocalisation d’activités jugées stratégiques. Ces derniers doivent se spécialiser sur des marchés où la compétition est moins intense et où les entreprises européennes ont un avantage technologique.
Enfin, la question de la transition écologique va redistribuer le paysage des exportations. Les politiques économiques en matière d’environnement se durcissent et incitent les entreprises à regrouper leurs processus de production autant que possible pour optimiser les couts de transport. Les temps de livraison trop longs favorisent les relocalisations, même si le phénomène est loin d’être une tendance de fond. Dans les prochaines décennies, l’Afrique a un rôle important à jouer en raison de l’abondance de ses ressources mais aussi de sa proximité géographique avec l’Europe par rapport à l’Asie de l’Est.