Les accords d’association établis au début des années 2000 entre l’Union Européenne et l’Afrique du Nord ont favorisé une progression du commerce entre les deux rives de la Méditerranée. En 2019, la part des pays d’Afrique du Nord dans les échanges européens représente 3,3% des exportations de l’UE-27. Néanmoins, la Turquie et la Chine voient leur part de marché progresser sur la région nord-africaine, et viennent concurrencer les échanges avec l’UE.
Depuis la signature de ces accords, les exportations de biens de l’UE à destination des pays d’Afrique du Nord ont progressé de +2,5 Md€ par an dans les douze années suivant l’entrée en vigueur des différents accords d’association contre +1,5 Md€ sur les six années antérieures.
En 1995, le Processus de Barcelone pose les jalons d’un partenariat euro-méditerranéen (Euromed). Des accords d’association sont alors conclus avec quatre pays d’Afrique du Nord : la Tunisie (1998), le Maroc (2000), l’Egypte (2004) et l’Algérie (2005). L’objectif est la suppression progressive des droits de douane sur les produits industriels entre les deux zones sur une décennie. Les deux régions renforcent leurs liens commerciaux qui font alors preuve d’une forte résilience. A la suite de la crise financière de 2008, les exportations de l’UE-27 vers le reste du monde se sont effondrées de 27% alors qu’elles n’ont baissé que de -6,9% à destination de l’Afrique du Nord. Le même scénario s’est répété dans le sillage des Printemps arabes en 2012 où les exportations européennes ont augmenté à destination des pays d’Afrique du Nord plus qu’avec le reste du monde.
Les échanges UE – Afrique du Nord concurrencés par les économies émergentes
Si la part des pays d’Afrique du Nord dans les échanges est restée stable voire s’est renforcée avec certains pays de l’UE (Espagne, Grèce, Portugal, Bulgarie), la part de l’UE dans les échanges a diminué dans tous les pays d’Afrique du Nord observés. Les exportations sont passées de 67% à 53% en moyenne entre 1999 et 2019.
Quand bien même l’UE reste le premier partenaire commercial des pays d’Afrique du Nord, ses échanges sont concurrencés par les économies émergentes. En 1992, la Turquie et la Chine représentaient chacune moins de 1% du commerce de ces pays. En 2019, la Chine totalise 9 % du commerce nord-africain (13 % des importations) et la Turquie 4 % (5 % des importations). L’Inde, la Russie et l’Arabie Saoudite, qui représentaient une part marginale du commerce nord-africain au début du siècle, représentent aujourd’hui, pris ensemble, près de 10 % du commerce des pays observés.
L’automobile et l’aéronautique, les secteurs gagnants des accords d’association
Outre le renforcement des échanges entre les deux régions, les accords d’association ont permis d’accompagner le développement de filières industrielles euro-méditerranéennes. Les économies marocaines et tunisiennes, notamment, ont été portées par le développement des domaines automobiles et aéronautiques. Le secteur automobile ne représentait que 1% des exportations marocaines au début des années 2000, il en concentre aujourd’hui 17%. De la même façon, les exportations aéronautiques représentent aujourd’hui 3 % des exportations marocaines et tunisiennes vers l’UE, alors que leur part était négligeable au début du siècle.
Seule l’Algérie est un cas isolé. L’Union européenne a réduit ses importations d’hydrocarbures en provenance d’Algérie, un manque à gagner énorme pour le pays dont 95% de ses exportations vers le continent européen étaient concentrées autour des hydrocarbures.
Des pistes pour renforcer la complémentarité entre l’Afrique du Nord et l’Union Européenne
Pour renforcer ses liens commerciaux avec l’Afrique du Nord, la Commission européenne explore des voies nouvelles, susceptibles de davantage de modulation. En février 2021, dans le cadre de sa nouvelle stratégie de politique commerciale, la Commission a suggéré de lancer la négociation d’accords de facilitation des investissements avec les pays du sous-continent, ainsi que des dialogues sectoriels sur des sujets d’intérêt commun. Le renforcement de ces coopérations pose à plus long terme la question d’accords de libre-échange complets et approfondis (ALECA). Ces derniers viseraient à compléter les accords d’association existants en poursuivant le démantèlement des droits de douanes et en intégrant de nouvelles questions telles que la libéralisation des services, les investissements, le développement durable, et les questions réglementaires. Cependant, les négociations d’ALECA demeurent à ce jour bloquées pour des raisons politiques et techniques (Maroc, Tunisie) ou n’ont jamais commencé, dans la mesure où la priorité porte sur la mise en œuvre des accords d’association existants (Égypte, Algérie).
[Avec Direction générale du Trésor]