En 2023, la Chine a détrôné le Japon au rang de premier pays exportateur mondial de véhicules, avec 5,22 millions de véhicules exportés l’an dernier, selon des données des douanes chinoises. 19,5 % des voitures électriques vendues en Europe l’année dernière venaient de Chine.
Aiways, MG, Nio, Xpeng ou encore BYD, les constructeurs chinois sont aujourd’hui de plus en plus nombreux à tenter leur chance en Europe en vendant à des prix bien plus bas que nos marques traditionnelles. Une concurrence alors jugée déloyale pour Bruxelles. La Commission européenne a donc ouvert en octobre dernier une enquête, accusant l’État chinois de subventionner ses constructeurs pour leur permettre de vendre leurs véhicules moins chers. Parallèlement l’Union européenne envisage d’augmenter les droits de douane pour les voitures chinoises afin de les faire passer de 10 à 25 % dès l’été prochain. Même si ce taux resterait encore relativement bas comparé aux 27,5 % pratiqués aux États-Unis ou aux 50 % en vigueur en Turquie, cela permettrait de contrer un « dommage incalculable”.
Selon une étude de Transport & Environnement, les droits de douane pourraient aider, à court terme, les constructeurs automobiles de l’UE à résister à la concurrence asiatique mais ces derniers doivent garder le cap et accélérer leur électrification pour tirer leur épingle du jeu dans la compétition mondiale. Selon l’ONG, cette augmentation des droits de douane rendrait notamment les berlines et SUV de taille moyenne produits en Chine plus onéreux que leurs équivalents fabriqués en Europe. Cependant l’organisation explique aussi que les modèles plus grands resteraient toujours un peu plus abordables s’ils sont assemblés en Chine qu’en Europe. Ainsi, pour l’ONG, la hausse des frais de douanes doit avant tout s’accompagner de règles visant à inciter les constructeurs à produire plus de voitures électriques, s’accompagner de l’accélération de la production de batteries en Europe et du retour des unités de production des acteurs européens sur notre continent.
Par ailleurs, notre pays veut aussi lutter contre l’invasion chinoise en supprimant le bonus écologique pour ces autos. Depuis le début de l’année, en France, le bonus écologique est indexé à un score environnemental. En d’autres termes, plus une voiture est fabriquée loin (en Chine par exemple), moins elle pourra prétendre au bonus écologique.
Si le ministère du Commerce chinois ne voit pas d’un très bon œil cette surenchère de mesures protectionnistes en Europe, certains constructeurs européens (Mercedes notamment, ou encore le groupe Volkswagen) prônent, eux aussi, une libre concurrence entre les pays et les constructeurs. Engagés en Chine ils ne peuvent sans doute pas se permettre l’arrivée d’une guerre commerciale entre continent et craignent par ailleurs un risque de représailles pouvant affecter les approvisionnements en métaux rares, essentiels à la fabrication des batteries électriques.
Cette situation permet de mettre en lumière les tensions croissantes autour de la transition vers l’électrique et soulève des questions sur l’équité et la durabilité de l’industrie automobile mondiale. Ces premières mesures soulèvent des inquiétudes quant à l’impact sur les prix pour les consommateurs et le suivi d’objectifs environnementaux plus larges. Elles permettront sans doute aux constructeurs européens de construire un écosystème nouveau de compétitivité.