La baisse de la valeur des cryptomonnaies n’a pas totalement entamé la confiance des personnes qui les utilisent ou les adoptent. Selon un rapport de la plateforme américaine Chainalysis, qui a analysé la part investie en cryptomonnaie par rapport à l’argent disponible dans 146 pays, le classement est dominé par les pays émergents. Certes le Vietnam conserve la première place de ce classement, comme en 2021, mais le Nigeria, le Maroc, et le Kenya sont membres du top 20. Dans le détail, le Nigeria est onzième mondial (les 22,33 millions de détenteurs de cryptomonnaies nigérians représentent 10,34 % de la population du pays), le Maroc 14e mondial, et le Kenya 19e mondial. Ces trois pays font partie d’un groupe de 10 où les revenus moyens sont jugés inférieurs aux standards mondiaux. Selon un autre classement, le Nigeria est le premier pays du monde où l’on retrouve le plus de recherches basées sur des mots clés contenant le terme « crypto » et ses dérivés.
L’Afrique est la deuxième région au monde à abriter le plus grand nombre de détenteurs de cryptomonnaies après l’Asie.
À l’échelle mondiale, on dénombre 320 millions de détenteurs de cryptomonnaies. Ce chiffre a plus que triplé depuis la publication d’un rapport de l’Université de Cambridge, qui a estimé le nombre de détenteurs à 101 millions au troisième trimestre 2020. Selon l’édition 2022 du rapport relatif à l’adoption des monnaies numériques dans le monde publié récemment par Triple A (une société spécialisée dans la technologie blockchain) 53 millions d’Africains détiennent des cryptomonnaies. On retrouve ici aussi le Nigeria en première position, suivi par l’Afrique du Sud, le Kenya, l’Egypte, et la Tanzanie. Le rapport précise que l’essentiel de ces pays s’appuient essentiellement sur Bitcoin et les stablecoins, et que cette dynamique tient beaucoup au fait que les utilisateurs des pays à revenus moyens utilisent beaucoup les actifs numériques pour envoyer des fonds ou pour se protéger d’une inflation parfois forte.
La tendance s’est renforcée en Afrique depuis quelques années, et ce n’est pas un hasard si la plus grande plateforme d’échange de cryptomonnaies du monde renforce sa présence sur le continent. Implantée sur le continent depuis 2018 via le une plateforme d’échanges de crypto en Ouganda, Binance traite quotidiennement l’équivalent de 76 milliards de dollars en cryptomonnaies. La société annonçait d’ailleurs fin août le lancement au Cameroun, d’un hub entièrement dévolu à la crypto “unique en son genre” en Afrique.
Première puissance démographique du continent, le Nigeria, de son coté mise de plus en plus sur la technologie numérique pour diversifier son économie encore très fortement dépendante du pétrole. Des réglementations pour mieux encadrer l’utilisation des actifs numériques ont été promulguées cette année, et le Nigeria Exchange prévoit de lancer dès l’année prochaine une plateforme s’appuyant sur la blockchain pour approfondir le commerce boursier.
Pour autant tout n’est pas si simple et les déconvenues sont nombreuses. Le pays a par exemple été le premier d’Afrique à lancer une CBDC – l’eNaira il y a un an, et son adoption semble loin d’être rapide… de nombreux pays d’Afrique comme le Ghana, l’Afrique du Sud ou encore le Zimbabwe, qui pilotent leurs propres initiatives autour des CBDC devraient s’inspirer de cette expérience pas si heureuse pour l’instant.