Un jour historique pour le Sénégal… le pays fait désormais partie des pays producteurs d’hydrocarbures.
La compagnie australienne Woodside Energy, qui opère avec la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen qui possède 18% du projet), vient d’annoncer avoir commencé à extraire du pétrole du champ de Sangoma. Le site est situé à environ 100 km au sud de Dakar, par 780 mètres de fond. Le gisement, découvert il y a dix ans, contient du pétrole et du gaz et devrait produire entre 100 000 et 120 000 barils par jour. Le projet a nécessité environ 5 milliards de dollars d’investissements et même si la production du pays sera loin d’atteindre les niveaux des géants mondiaux et africains comme le Nigeria ou l’Angola, elle devrait permettre une transformation accélérée de l’économie sénégalaise. Le brut extrait est destiné à l’exportation ainsi qu’au marché national. Selon la compagnie Petrosen sa vente devrait générer en moyenne 700 milliards de francs CFA, soit plus d’un milliard d’euros par an sur une période de 30 ans.
Cette première extraction de pétrole précède l’entrée en production du projet de Grand tortue/Ahmeyim (GTA) situé à la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie et développé par le Britannique BP avec l’américain Kosmos Energy, la Société mauritanienne des hydrocarbures (SMH) et Petrosen. Il s’agit du premier développement gazier dans ce nouveau bassin au large des côtes sénégalo-mauritaniennes. Découvert en 2015 et contenant environ 450 milliards de mètres cubes de gaz naturel, il a accusé retards et augmentation des coûts. Après quatorze mois de voyage depuis la Chine, l’unité flottante de production, de stockage et de déchargement (FPSO), qui constitue un composant clé du projet est arrivée il y a tout juste un mois à son emplacement définitif, au large de la frontière maritime entre la Mauritanie et le Sénégal. Les premiers travaux d’amarrage ont été réalisés et l’équipe poursuit son installation. La plateforme stationnée dans l’Atlantique à environ 40 kilomètres des côtes et raccordée aux puits d’extraction environ 80 kilomètres plus au large, réceptionnera le gaz et en effectuera un premier traitement, avant que le gaz ne soit expédié vers une autre unité flottante qui le liquéfiera, à environ 10 kilomètres du rivage, pour faciliter le transport. Les ministres mauritanien et sénégalais du Pétrole ont dit prévoir un démarrage de production au troisième trimestre 2024. La phase 1 du projet GTA devrait produire environ 2,5 millions de tonnes de GNL par an, pendant plus de 20 ans destinés à la consommation intérieure et à l’exportation.
Cette production de gaz et de pétrole au Sénégal a été un thème majeur de la récente campagne présidentielle qui a vu la victoire du candidat antisystème Bassirou Diomaye Faye. Le nouveau président investi en avril a annoncé parmi ses premières mesures un audit du secteur minier, gazier et pétrolier avant de renégocier les termes des contrats passés avec les opérateurs étrangers présents dans le pays et jugés défavorables au Sénégal.