En quelques années, le développement économique des ports français a crû de manière exponentielle du fait notamment de la saturation des ports du nord de l’Europe et des investissements pour agrandir les infrastructures. Cette augmentation d’activité a aussi engendré une hausse des trafics en tout genre.
Thomas Cazenave a annoncé il y a quelques semaines un renforcement des moyens pour lutter contre l’ensemble des pratiques frauduleuses qui gangrènent nos ports. Le Ministre délégué aux Comptes publics, qui a en charge la tutelle des douanes, souhaite également renforcer la coopération portuaire et endiguer la corruption.
« Les douaniers sont les premiers maillons de la lutte contre les trafics », a-t-il déclaré en annonçant un renforcement des moyens humains et matériels. L’objectif à terme est de redéployer plusieurs centaines d’agents « dans les ports principaux, mais aussi dans les ports secondaires ». Dans cette perspective une vingtaine d’agents sera notamment déployée au port de Dunkerque, le troisième plus important de France, qui a vu le nombre de conteneurs déchargés sur ses quais progresser de 14% en 2022, pour approcher les 750.000. « Notre objectif est d’être au plus près du terrain » assure le ministre. Nous renforçons à la fois les équipes de contrôle mais aussi celles de renseignement ». Coté matériel, pour un cout de plusieurs dizaines de millions d’euros, une dizaine de scanners mobiles, capables de scanner jusqu’à 30 conteneurs par heure, seront attribués d’ici à l’été prochain au Havre, à Dunkerque, Saint-Nazaire, Gennevilliers et à Jary en Guadeloupe. « Par ailleurs, nous allons davantage utiliser les données numériques pour mieux cibler les contrôles » confirme le Ministre.
Thomas Cazenave propose également un plan de sensibilisation et de formation des douaniers face aux risques de corruption (techniques d’approche des trafiquants, etc.). Les contrôles internes des agents de la douane après la fouille de conteneurs seront par ailleurs menés de façon plus aléatoire pour les rendre moins prévisibles. Le gouvernement veut aussi être plus réactif pour infliger des sanctions administratives lorsque des soupçons de corruption pèsent sur un agent.
Afin de muscler la réponse de l’Etat face aux différents trafics dans les ports français, un « renforcement de la coopération portuaire nationale et internationale, sera mis en place rapidement » a fait savoir le Ministère. « Nous renforcerons la coopération, car les informations sont le nerf de la guerre. D’abord avec tout l’écosystème portuaire, mais aussi avec les acteurs publics, les logisticiens, les dockers et les grands armateurs ».
Les associations de lutte contre les trafics et les syndicats de douaniers sont favorables à ces mesures, cependant, certains observateurs jugent la réglementation actuelle trop permissive et préconisent notamment une réforme de la procédure de contrôle des conteneurs qui semblent actuellement trop longue et complexe.
Ces mesures interviennent alors que les douanes belges, allemandes et néerlandaises ont déjà renforcé leurs contrôles mis en place ces derniers mois.