Une dynamique portuaire qui ne faiblit pas… c’est ce qui ressort du dernier rapport IAPH World Port Tracker portant sur des informations recueillies auprès des adhérents de l’IAPH (l’association mondiale des ports basée à Tokyo) au cours du second semestre 2023, et même au delà.
Coordonnée et rédigée par les professeurs d’économie portuaire Theo Notteboom (université d’Anvers) et Thanos Pallis (université du Pirée), cette étude trimestrielle a été lancée pour la première fois en juillet 2022.
Selon les membres de l’IAPH (International Association of Ports and Harbors) qui pèsent plus de 60% du trafic mondial, les perspectives d’investissements demeurent positives pour 2024. En dépit des multiples perturbations récentes (attaques en Mer rouge, guerre en Ukraine, désordres à Panama, tensions Chine-États-Unis…) il n’y a ni retard ni annulation dans les investissements portuaires dans aucune région de la planète, selon le rapport dont les réponses ont été recueillies au quatrième trimestre 2023.
Dans le même sens, 41 % des ports déclarent vouloir consacrer davantage de terrains aux activités de logistique et de distribution sur la prochaine période. En matière de développement durable, 38 % envisagent d’utiliser une partie de leur foncier pour permettre la production ou la mise à disposition d’énergies non-fossiles. A ce titre, toutefois, seul un tiers des ports a planifié des investissements dans des installations de distribution de carburants alternatifs (ammoniac, hydrogène, etc..) en prévision des futures règles internationales sur les émissions des navires. La transition énergétique dans le domaine portuaire a encore une longue route devant elle…
Côté conjoncture, en matière d’évolution du trafic, les ports sont, en moyenne, plus optimistes qu’il y a six mois quant à l’évolution attendue des douze prochains mois. Ceci, quel que soit le type de fret, selon l’enquête actualisée en février 2024.
Sur le seul segment des conteneurs, plus de la moitié des ports interrogés (55 %) s’attendent à une hausse de plus de 2% de leur trafic cette année (contre 47 % au premier semestre 2023). Cette proportion est de 50 % pour le vrac sec (contre 41 % précédemment), 48 % pour le vrac liquide (contre 31 % précédemment) et 40% pour le trafic cargo (25 % précédemment). En termes d’optimisme, les ports d’Afrique subsaharienne se distinguent particulièrement. Au moins 75% d’entre eux (et même plus sur certains segments comme les conteneurs) s’attendent à une hausse de leur trafic ces 12 prochains mois.
Enfin, avant de publier ce rapport, les auteurs ont posé, en février 2024, aux adhérents de l’IAPH, des questions sur les conséquences de la situation sécuritaire en Mer Rouge, qui, on le sait, a causé des réacheminements de navires, une hausse des taux de fret ou encore une augmentation des temps de transit sur les principales routes commerciales. En matière d’impact pour ce seul secteur portuaire, une large majorité (63 %) des ports interrogés ne signalent aucun retard notable dans l’arrivée des navires, 28 % indiquent des retards mineurs de quelques jours, et seulement 9 % sont confrontés à des retards importants avec des navires retardés d’une semaine ou plus. Globalement, 73% des ports sondés n’ont constaté, sur la dernière période, aucun recul dans le nombre d’arrivées de navires. « Ces résultats montrent que l’impact global jusqu’à présent a été tout à fait gérable », estiment les auteurs du rapport qui pointent toutefois les différences régionales à ce propos. Ainsi, si aucun des ports répondants d’Asie de l’Est et du Sud-Est n’a constaté des retards importants dans les arrivées de navires, ceux situés sur les routes commerciales Est-Ouest (Amérique du Nord, Europe du Nord, Méditerranée) ont été (sans plus de précisions) davantage affectés.
A noter enfin que le World Port tracker intègre désormais les résultats de l’index de connectivité de la CNUCED (LSCI – Liner Shipping Connectivity Index) récemment révisé. A ce titre, rappelle l’IAPH, la dernière publication du LSCI montre que la connectivité a encore augmenté dans sept des dix pays les mieux connectés du monde; les deux têtes de liste (Chine et Corée du Sud) continuant de creuser leur écart avec les autres.