Un roulier est un navire spécialisé dans le transport de voitures montant à bord grâce à une ou plusieurs rampes d’accès. On les dénomme aussi ro-ro, de l’anglais roll-on/roll-off signifiant littéralement « rentrer en roulant, sortir en roulant», pour faire la distinction avec les navires de charge habituels où les produits sont chargés à la verticale par des grues à conteneurs. Ces bateaux dédiés au transport de véhicules ont le vent en poupe.
En Europe les rouliers peuvent peser jusqu’à 40 % des trafics portuaires, comme dans les îles britanniques ou en Scandinavie. Plus de 70 ports européens peuvent afficher un trafic roulier supérieur à 100 000 pièces de fret par an, quatorze quand il s’agit de dépasser les 500 000 unités, trois seulement dépassent le million (Douvres, Calais et Dublin). Pour l’instant sur le podium du marché des rouliers, on trouve les Japonais, les Coréens et les Européens.
De son coté la Chine est de plus en plus présente sur le marché automobile, et, par conséquent, sur celui de sa logistique. En fin d’année dernière le chantier chinois CIMC a validé les plans pour construire le plus grand roulier du monde. En janvier de cette année, le constructeur automobile BYD a mis en fonction son nouveau navire roulier bicarburant d’une capacité de 7000 véhicules, représentant selon le Groupe chinois la « version 2.0 verte et à faible émission de carbone » du transport maritime. Ces navires sont si pratiques que désormais les plus gros constructeurs de voitures possèdent leur propre roulier.
Cependant tous les ports ne peuvent pas accueillir les rouliers. Lors d’une récente prise de parole, le directeur du port de Sète a indiqué que le roulier représentait la moitié de l’activité de son port. « Il n’est pas nécessaire d’avoir des bassins en eaux profondes. En revanche, il faut des quais sur lesquels on puisse poser les rampes d’accès aux navires. »
En France, les rouliers ont de l’avenir, et sans aucun doute un avenir pionnier. CMA-CGM, le géant français du transport logistique, ne s’y est pas trompé. Il a confirmé un contrat d’affrètement de dix ans pour quatre car-carriers au GNL et batteries, et participe parallèlement au projet de la jeune compagnie nantaise Neoline, un roulier à voiles plus écologique pour protéger la planète. En début d année Le chantier turc RMK a débuté l’assemblage du premier Neoliner. Avec ses 3 000 m² de voiles portées par deux mâts en carbone rabattables le navire naviguera à une vitesse de croisière de 11 nœuds tout en économisant 80 à 90 % de carburant sur la traversée transatlantique. Sa capacité de chargement sera de 1 200 m linéaires pour le fret roulant, ou 265 conteneurs de 20 pieds. Le voilier cargo de 136 m doit entrer en service en 2025. Sa mise à l’eau est prévue pour décembre prochain avec une première traversée au tout début de l’été 2025 entre Saint-Nazaire, point d’attache du navire, et les ports de Saint-Pierre et Miquelon, Halifax et Baltimore, sur la côte Est de l’Amérique du Nord. Jean Zanuttini, le président de Neoline, prévoit de construire un second roulier écologique d’ici 2026. De son coté le groupe Louis-Dreyfus Armateurs (LDA) a passé commande, via sa filiale gérant la logistique d’Airbus, de trois rouliers en Chine. Ces rouliers sont eux basés sur une technologie qui s’appuie sur la fusion de multiples données satellitaires, couplées à l’intelligence artificielle, permettant de détecter très précisément les variations de position et d’intensité des courants océaniques de surface pouvant freiner ou accélérer les navires de commerce.