Le port provençal vient de nouer un partenariat avec l’autorité des ports du Royaume saoudien.
La Méditerranée et au-delà… Hervé Martel, directeur général du port de Marseille Fos et Christophe Castaner, président du conseil de surveillance, viennent de nouer un accord de « partenariat stratégique » avec les autorités portuaires saoudiennes, à savoir la Saudi Ports Authority (Mawani). Le texte a été paraphé le 5 juin dernier à Paris par Hervé Matel et Omar Hariri, président de Saudi Ports Authority. Cette signature s’est déroulée à l’occasion de Vision Golfe 2024, un forum économique entre la France et les pays du Golfe organisé notamment par Business France.
Plusieurs objectifs sont visés par cet accord de principe, à commencer par le développement commercial, « grâce au renforcement des réseaux commerciaux et des flux maritimes en multipliant les contacts avec des chargeurs, transitaires et autres acteurs du commerce international sur les marchés du Moyen-Orient et de l’Asie », indique le porte-parole de Marseille Fos. Au menu figure également la durabilité et l’innovation à travers une collaboration future sur des initiatives visant à réduire l’impact environnemental des activités portuaires et à promouvoir l’innovation technologique (gestion portuaire numérique, transport maritime écologique…) sans parler des partages d’expertise et d’expériences. Les deux partenaires promettent, à ce titre, un partage d’informations sur les projets visant à réduire l’empreinte carbone des activités portuaires comme l’électrification des équipements ou l’utilisation de carburants alternatifs pour les navires.
Ce partenariat intervient dans un contexte où l’Arabie Saoudite investit lourdement dans son secteur portuaire, que ce soit directement à travers l’action de l’État ou encore, de façon plus récente, via des PPP. Un des volets du méga plan de développement national intitulé Vision 2030 (1 000 milliards de dollars), porte ainsi sur le développement des infrastructures de transport maritime et de la logistique. Il est prévu notamment la création ou l’extension de 60 zones logistiques dans le pays en comptant sur le concours d’opérateurs internationaux comme DP World. Côté portuaire, dans le seul domaine des conteneurs, l’objectif est de quadrupler la capacité du royaume pour atteindre 40 millions d’EVP en 2030. Dans cette ligne, le port de Djeddah vient de tripler sa capacité à 6 millions d’EVP mais une large partie des développements à venir tient à la montée en puissance du King Abdullah Port, une des premières infrastructures portuaires saoudiennes développées en combinant capitaux publics et privés. Situé sur la mer Rouge à 120 km seulement de Djeddah, King Abdullah Port, a été créé ex nihilo en 2019. Il vise une capacité à terme de 25 millions d’EVP par an.
Pour Marseille Fos, ce partenariat en devenir avec les autorités saoudiennes s’inscrit dans la logique de la construction du corridor économique Inde – Moyen-Orient – Europe (IMEC). Selon Christophe Castaner, « le port de Marseille Fos mène une politique offensive d’attractivité . La concurrence entre les ports est réelle et nous poursuivons notre objectif d’être la porte d’entrée méditerranéenne vers l’Europe. En quelques semaines, après l’Algérie, la Chine (province du Guangdong) et aujourd’hui l’Arabie Saoudite, le port s’installe comme un aboutissement d’évidence des différents corridors qui se mettent en place ».
Cette nouvelle coopération intervient toutefois dans un contexte de repli d’activité du port dont le trafic a reculé de 7% en 2023 (71,9 millions de tonnes). Pour le seul trafic de conteneur, le repli s’affiche à 13 % en volume. Avec 1,3 million d’EVP, l’an dernier, Marseille reste loin de Gênes (2,4 millions d’EVP en 2023), son plus proche voisin et plus encore d’Algésiras et Valence en Espagne (plus de 4,5 millions d’EVP chacun) ou plus encore de Tanger sur la rive sud de la Méditerranée (8 millions d’EVP en 2023).
Le port des Bouches-du-Rhône s’active, néanmoins, pour se diversifier et se relancer, avec notamment un récent plan de développement ciblant la filière éolienne offshore. Début février, Marseille Fos a, ainsi, officiellement lancé ce projet nommé DEOS qui pourrait totaliser 550 millions d’euros d’investissement. Selon les projections, DEOS comprendra la construction d’une plateforme de 80 hectares, adossée à 1 000 mètres linéaires de quai à forte capacité dans la zone industrielle de Fos-sur-Mer. Il prévoit également des zones de stockage à flot de 40 à 50 hectares. Les études doivent débuter cette année pour une livraison en 2028. Parmi les autres projets à moyen terme, souvent évoqués mais jamais lancés, figure l’extension de capacité de l’activité conteneur dans une logique multimodale, maritime, mais aussi fluviale et routière tournée vers l’hinterland.