Une entreprise de taille intermédiaire sur quatre réalise la moitié de son chiffre d’affaires à l’export. Cette classe d’entreprise reste encore peu consommatrice de dispositifs publics d’aides et de conseil.
Une très large majorité des Entreprises de taille intermédiaire (ETI) françaises réalisent une partie très significative de leur activité à l’export et à l’international. C’est ce qui ressort d’une étude que vient de réaliser le Mouvement des entreprises de taille intermédiaire (METI), co-présidé par Philippe d’Ornano, le patron de Sisley, et Frédéric Coirier, celui de Poujoulat.
Ce premier Baromètre international des ETI* a été réalisé en partenariat avec Altios, AU Group, International SOS et LCL sous le parrainage du Ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Il a été remis le 18 avril dernier à Franck Riester, ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, chargé du Commerce extérieur (photo).
Sur un large échantillon de 1500 entreprises (le nombre total d’ETI en France s’élève à 6 200), 86 % des ETI interrogées mènent une activité d’exportation ; parmi celles-ci, une ETI sur deux réalise même plus de la moitié de son chiffre d’affaires à l’export et une sur quatre exporte dans plus de 50 pays !
Les ETI françaises réalisent plus de 30 % du chiffre d’affaires à l’export de l’ensemble des entreprises, rappellent à ce titre l’étude. « Ces champions cachés des territoires sont en effet souvent positionnés sur des niches sur lesquelles ils exercent ou briguent un leadership à l’échelle européenne, voire internationale« , indiquent les responsables de l’étude, dont Olivier Schiller, vice-président du METI et président de Septodont.
Sans surprise, l’Europe constitue le premier marché à l’export pour 73 % des ETI exportatrices. Les cinq premiers pays européens dans lesquels ces ETI exportent sont, dans l’ordre, la Belgique, l’Espagne, l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, un quintet suivi du Royaume Uni. Seules 13 % des ETI exportatrices ont pour premier marché l’Amérique du Nord (13%) et 8 % l’Afrique. Point négatif, l’Asie, zone la plus dynamique du monde, n’est le premier marché export que pour 1 % seulement des ETI interrogées. Néanmoins, le continent asiatique est le deuxième marché pour 17 % d’entre elles, loin toutefois derrière l’Amérique du Nord (35 % des ETI). Pour suivre au mieux leurs marchés internationaux, 90 % des ETI répondantes ont une implantation physique à l’étranger et plus de 40 % sont même implantées dans au moins 10 pays.
L’enquête apporte, par ailleurs, un éclairage intéressant sur le mode de financement à l’international. Celui-ci reste en bonne partie interne. Ainsi, 85 % des ETI se financent principalement via leurs fonds propres pour leurs activités internationales. Elles sont nombreuses toutefois (63 %) à s’appuyer en parallèle sur le financement bancaire. Le recours à l’affacturage (20% des ETI) reste lui bien moins répandu. Quant aux modes de financement publics ou encore l’appel direct aux marchés financiers, ils demeurent faibles (moins de 10% dans les deux cas).
A noter que les ETI interrogées sur l’action des banques expriment un large satisfecit. Plus de 9 ETI sur 10 présentes à l’international estiment ainsi que leurs partenaires bancaires répondent – tout à fait ou à peu près – à leurs besoins lorsqu’ils les sollicitent. Ce recours au système bancaire est principalement utilisé pour deux types de besoins : le financement d’investissements à l’international et celui des flux commerciaux courants (59 % des réponses pour ces deux items). Un quart des ETI s’appuient de surcroît sur leurs banques pour des opérations de « trade finance » plus sophistiquées. En termes de risk management, les ETI couvrent le risque d’impayés en B2B principalement via l’assurance-crédit (52 %), le paiement avant livraison (48 %) et l’auto-assurance (39 %).
Du côté de la stratégie d’approche des marchés internationaux, l’immense majorité des ETI exportatrices s’appuie avant tout sur leur réseau personnel (à 85 %). Le recours aux bureaux locaux de Business France arrive loin derrière (36% des répondants). Environ une entreprise sur cinq s’appuie sur les autres formes de structures d’appui (Ambassade de France, Chambre de Commerce locale, Team France Export en France, réseau des Conseillers du Commerce Extérieur ou prestataires privés). Globalement, seulement 33% des ETI ayant une activité à l’international ont déjà eu recours par le passé à la Team France Export (48 % jamais) et 19 % ne connaissent même pas ce service. La Team France Export est sollicitée par les ETI avant tout pour recruter des VIE (52 % des cas) mais aussi réaliser des études de marché et participer à des salons (48 % dans ces deux cas). Avec un niveau de satisfaction plutôt bon : 81 % des ETI ayant eu recours à la Team France Export jugent qu’elle a « tout à fait » ou « à peu près »répondu à leurs besoins.
Toutefois, les ETI estiment en majorité (52 %) que le financement est le premier frein qui n’est pas levé par les dispositifs publics d’accompagnement et de soutien. En ce sens, l’emploi des outils de financement de la Team France Export (garantie Bpifrance, par exemple) demeure faible : seules 18 % des ETI ayant une activité à l’international y ont eu recours, avec un niveau de satisfaction élevé (88 %). Plus généralement, le manque de compétences et les difficultés de recrutement, les contraintes réglementaires et la dégradation de la situation économique comptent parmi les principaux freins identifiés par les ETI pour leur développement international.
Enfin, on notera que la communication des pouvoirs publics sur les actions récentes de relance des exportations peine encore à faire mouche auprès des responsables d’ETI. Ainsi, 46 % des entreprises interrogées n’ont pas connaissance du nouveau plan « Osez l’export » annoncé par le gouvernement le 31 août 2023. Et seulement 8% disent s’y être intéressé de près.
*Cette enquête a été réalisée en ligne du 12 octobre au 5 novembre 2023 auprès de 1500 ETI. Suivant la définition de l’INSEE, une ETI est une entreprise qui compte entre 250 et 4 999 salariés, et affiche, soit un chiffre d’affaires inférieur à 1,5 milliard d’euros, soit un total de bilan de moins de 2 milliards d’euros.