En déplacement au sommet du G5 Sahel à Nouakchott en Mauritanie le 30 juin dernier, Emmanuel Macron a tenu à réaffirmer son soutien au continent Africain et l’engagement de la France sur trois sujets : la santé et la lutte contre le Covid, la dette des états africains et la sécurité, notamment dans le Sahel.
C’est en très peu de temps la deuxième fois qu’Emmanuel Macron réaffirme de façon solennelle son soutien et son intérêt pour le continent Africain. Il affirme le destin commun entre l’Europe et l’Afrique qu’il appelle de ses vœux.
Peut-on annuler la dette africaine ?
Son intervention sur le sujet de la dette africaine qu’il voudrait voir annulée a été particulièrement remarquée par de nombreux états. « Pour la 1ère fois dans l’histoire du G20 nous nous sommes mis d’accord sur une première action d’accorder un moratoire sur la dette et les intérêts de la dette à l’ensemble des pays africains » a expliqué Emmanuel Macron, « Tous les membres se sont engagés dans cette première étape, y compris la Chine. Nous voulons consolider cette décision aujourd’hui et je l’espère aller plus loin, d’où ma présence au sommet de Nouakchott. »
Le premier financeur de l’Afrique est l’ensemble des diasporas, mais la crise du Covid va altérer le pouvoir d’achat de ces populations souvent fragiles en Europe et va en limiter le financement pour au moins 2 ans. Le moratoire sur la dette des bailleurs de fonds internationaux et notamment du club de Paris va déjà en limiter la portée et va donner une bouffée d’air. L’annulation permettrait une relance de l’investissement dont les premiers bénéficiaires seraient les partenaires naturels de l’Afrique : les pays européens.
C’est d’ailleurs ce qui s’était passé en 2010 avec la première annulation de dette qui avait créé les conditions d’un décollage de nombreux pays d’Afrique.
Ce geste intéressé n’est possible que si la Chine donne son accord et c’est sans doute la partie la plus importante du jeu diplomatique et financier qui est en cours. L’implantation chinoise sur le continent est à l’épreuve de la solidité des relations historiques. Les efforts déployés par les chinois depuis quelques années sont très importants, un geste de leur part pourrait permettre également une consolidation durable de l’empreinte chinoise sur le continent.
Le débat dépasse donc largement l’engagement Français sur le continent Africain.
« Quand la France s’engage c’est l’Europe qui s’engage avec elle » a déclaré Emmanuel Macron qui a clairement voulu placer son action sous l’égide de l’Europe. « Il faut européaniser la lutte contre le terrorisme et plus globalement il faut européaniser tous les projets avec l’Afrique. » C’est bien la réaffirmation de l’inflexion de l’action du Président.
Le Président s’est aussi félicité de l’action contre le terrorisme qui a connu des succès ces derniers mois, grâce à une véritable coordination et à la livraison de matériel plus sophistiqué. La consolidation des armées et le retour des États dans le Sahel est selon lui une priorité, en particulier au Mali et au Burkina.
Des enjeux de souveraineté nationale
Ce sujet central de la maîtrise du terrorisme islamiste dépasse le coté sécuritaire car aujourd’hui c’est bien de l’intégrité territoriale de certains états du Sahel qu’il est sujet. Le Burkina, le Mali mais aussi le Niger semblent avoir abandonné une partie de leur souveraineté territoriale faute de pouvoir maîtriser certaines régions. C’est donc la crédibilité des états qu’il faut rétablir et le Président Français a insisté lourdement sur ce sujet en ouverture du sommet G5 Sahel en pointant, au-delà des moyens militaires mis en place, la nécessité d’une volonté politique forte sur le sujet de la part des 5 pays sahéliens concernés.
Macron sur le continent Africain souhaite dépassionner et sortir du débat colonial historique et arrimer économiquement l’Afrique à l’Europe pour donner plus d’ampleur a son action.
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