« C’est à l’Europe de s’imposer face aux Etats-Unis et à la Chine et non aux Etats-Unis et à la Chine de s’aligner sur les européens ». Tel est le message de Camille Verchery, directeur général de VVR international et spécialiste de la Chine. Avec la crise sanitaire, les cartes des sociétés sont rebattues à différents égards. Dans un mélange de décisions politiques et économiques, pour affronter la crise du Covid-19, les entreprises doivent tirer leur épingle du jeu. Camille Verchery nous livre son analyse des répercussions de la crise sanitaire sur les activités entre la Chine et les entreprises étrangères. Fort de sa connaissance du marché économique chinois, il revient sur la croissance significative des développements de business en Chine. Récit.
La crise sanitaire a bouleversé sur plusieurs plans les façons de faire du business pour les entreprises internationales et celles installées à l’étranger. Fermeture des frontières, impossibilité de voyager, restrictions gouvernementales,… nombreux sont les facteurs externes qui impactent les sociétés depuis un an et demi. Toutefois, celles-ci se sont adaptées voire, ont su tirer profit de la crise sanitaire.
La crise sanitaire a renforcé les entreprises chinoises
Camille Verchery aide depuis plus de 20 ans les sociétés françaises et européennes dans leur développement industriel en France et en Chine. Ses clients sont principalement des ETI et PME. Il explique :
« Le résultat c’est que les PME qui étaient fortes en Chine sont beaucoup plus fortes en Chine aujourd’hui et en tirent d’énormes profits. A l’inverse, les sociétés qui étaient faibles en Chine ou pas très bien organisées, ont dû fermer en Chine. »
Finalement, la crise sanitaire n’a fait qu’exacerber les positions de force de chacun. Les moins bien implantées ont péri, les plus fortes se sont renforcées.
Ainsi, si le flux logistique a été fortement impacté et a connu des difficultés importantes, le fait de ne pas pouvoir se déplacer ne semble pas avoir impacté le flux de commerce. En effet, même si cela peut paraitre étonnant, la crise sanitaire n’a pas eu des conséquences importantes sur les flux commerciaux des business implantés en Chine.
Au contraire, Camille Verchery témoigne :
« Notre business a explosé depuis le début de la pandémie. Les projets de joint-venture, de montage d’usine, de nouveaux développements commerciaux, de plan marketing, d’envoi de produits agroalimentaires en Chine explosent ! »
Les secteurs en plein essor : « le made in China for chinese »
Selon les mesures gouvernementales adoptées et les stratégies économiques et politiques de Pékin, certains secteurs d’activité connaissent une croissance significative.
D’abord, le gouvernement chinois a pour volonté première de fabriquer le plus possible en Chine et pour les Chinois. Il applique la stratégie du « made in China for chinese ». Cela profite à l’implantation d’industries et aux projets de partenariats locaux.
De même, Pékin a mis en place une politique de santé importante. Les entreprises spécialisées dans les biens et les équipements industriels de santé fonctionnent donc à plein régime. Les produits pharmaceutiques sont également très sollicités.
Tout comme les produits agroalimentaires, très demandés par le gouvernement chinois, lorsqu’il s’agit d’une question de santé publique affirme Camille Verchery.
Enfin, la Chine importe des biens de technologie de pointe du fait de son manque d’expérience dans le domaine. L’automatisation, la R&D ou encore l’intelligence artificielle sont des secteurs très porteurs en Chine.
En ce qui concerne la taxation des multinationales par Pékin, Camille Verchery met en garde. Selon lui, c’est un faux problème et il est nécessaire de toujours recontextualiser le sujet, de se méfier de la désinformation ou des commentaires critiques aux positions manichéennes dans les médias. Enfin, pour le spécialiste des relations économiques sino-occidentales, il apparait difficile de répondre à la problématique des relocalisations sur le Vieux Continent, qui a refait surface avec la crise sanitaire. Mais pour lui, quoi qu’il arrive, la Chine bénéficiera d’une manière ou d’une autre de ces relocalisations en Europe.