L’assureur crédit, Coface, a dévoilé une étude sur l’impact des mouvements sociaux sur le commerce international. Celle-ci pointe les effets néfastes de certains mouvements sociaux, notamment sur les exportations, et s’interroge sur ceux des mouvements sociaux post-pandémie.
Cette étude survient après la pandémie de Covid-19 et pose la question des effets des mouvements sociaux nés suite à la crise sanitaire, sur le commerce international. S’il n’est pas encore possible d’y répondre, les économistes de Coface font l’analogie avec des mouvements sociaux précédents. Ces derniers dressent ainsi les conséquences éventuelles que la crise du Covid-19 pourrait avoir sur les mouvements sociaux et in fine sur le commerce international.
Vers une recrudescence des mouvements sociaux après la crise du Covid-19 ?
Suite à la pandémie de Covid-19, l’étude montre que, notamment dans les pays émergents, une résurgence des mouvements sociaux devrait avoir lieu. Avec un effet retardataire et aux graves conséquences sur les exportations. Les économistes de Coface observent une nouvelle vague de contestation sociale dans les pays émergents au niveau record depuis la pandémie.
« En effet, après une baisse du nombre de manifestions et d’émeutes entre le T4 2019 et le T2 2020 en Asie du Sud et du Sud-Est, au Maghreb et au Moyen-Orient, et en Amérique du Sud, elles n’ont cessé d’augmenter depuis le T3 2020 » indiquent-ils.
Les facteurs d’explications sont nombreux. La dégradation soudaine et agressive des indicateurs sociaux-économiques, expliquée par les effets socio-économiques des crises est la principale raison. L’indicateur Coface de risque social et politique a ainsi atteint en 2020 un record de 51% au niveau mondial et de 55% dans les pays émergents. Un niveau mondial jamais atteint.
Les indicateurs pris en compte sont divers : niveau du PIB, pouvoir d’achat, taux de chômage, taux d’inflation, inégalités … Les bouleversements générés par la crise de Covid-19, dans la sphère professionnelle comme dans la sphère personnelle a augmenté le niveau d’anxiété de la population. L’étude montre que jamais les pressions sociales au changement n’ont été aussi fortes. L’indice de pression sociale a atteint lui aussi, un niveau historique en 2020, passant de 46% à 54% au niveau mondial et de 54% à 61% pour les seuls pays émergents. Sans compter le mécontentement exprimé par les populations sur la gestion de la crise de certains gouvernements ou de la restriction des libertés civiles, parfois jugées abusives.
Le rapport note que 88% des pays émergents ont vu leur niveau de risque associé aux pressions sociales augmenter sur la période. C’est notamment le cas pour les pays d’Asie du Sud-Est tels que la Malaisie, la Thaïlande ou encore les Philippines.
Ainsi, l’état du commerce international un, deux, voire cinq ans après une crise sociale est donc en partie révélateur de la capacité des gouvernements à gérer ces mouvements sociaux.
Le commerce international impacté par la recrudescence des mouvements sociaux
Les expériences des précédentes épidémies ou pandémies ont eu des retentissements sur le commerce international. Ces troubles sociaux entraînent des répercussions sur l’activité économique des pays touchés et notamment sur le commerce extérieur.
« L’incertitude liée à l’instabilité politique, la baisse de la confiance des agents économiques, la chute de l’activité industrielle et des services côté offre, ainsi que celle de la consommation côté demande, devraient peser sur l’activité. Leur commerce extérieur, et en particulier leurs exportations, devraient être des victimes collatérales. » analyse Samuel Adjutor, économiste chez Coface.
En effet, l’étude montre que la croissance du PIB reste pendant au moins un an et demi, un point de pourcentage inférieur à son niveau avant le mouvement, voire de deux points pour les pays émergents.
La chute de l’activité industrielle explique cette perturbation sur les exportations et celle de la consommation affecte les importations. L’étude rapporte qu’au cours de l’année du mouvement social, les exportations sont 4,2% inférieures à leur potentiel estimé.
« Nous estimons que sur les trois années qui suivent un mouvement social, les exportations restent jusqu’à près de 9% inférieures à leur potentiel. Si le mouvement porte des revendications socio-économiques, comme la plupart de ceux qui devraient émerger après la pandémie, elles restent jusqu’à plus de 20% inférieures », commente Ruben Nizard, économiste chez Coface..
Les mouvements de nature sociaux-économiques plus néfastes sur le commerce international
Les experts soulignent que la nature du mouvement et son intensité entraînent des répercussions différentes sur le commerce international. Par exemple, les revendications de nature politiques ont moins d’impact que les mouvements qui intègrent des revendications économiques et sociales. Ces derniers ont en moyenne des effets plus durables et plus élevés. Trois ans après le conflit, les exportations restent près de 21% inférieures à leur potentiel et les importations de 5,6%.