La Banque mondiale (BM) a publié il y a quelques jours son rapport analytique de la situation économique sur le continent africain. Une étude qui prévoit une croissance globale de 3,4% cette année (3,8% en 2025) mais qui souligne aussi que la reprise économique en Afrique reste fragile et a un faible impact sur la réduction de la pauvreté sur place.
Africa’s Pulse, véritable baromètre semestriel de l’état des économies africaines, indique que cette embellie est principalement attribuable à la baisse de l’inflation, à la croissance accrue de la consommation privée et à l’allègement du fardeau de la dette. L’inflation en effet a diminué dans la plupart des économies africaines par rapport à l’an dernier, passant en moyenne de 7,1% à 5,1%, mais reste à des niveaux plus élevés qu’avant le Covid. La BM affiche donc un certain optimisme quant aux perspectives économiques du continent pour l’année en cours, mais celui-ci reste mesuré. Il faut dire que certains pays, comme le Ghana l’année dernière, souffrent de niveaux d’endettement « insoutenables ». De plus, l’institution met aussi en garde contre le « risque de contagion des coups d’État qui ont un impact significatif sur la confiance des investisseurs ». La Banque mondiale voit dans « l’escalade des conflits et de la violence » dans plusieurs pays, comme autant d’« obstacles à la croissance ».
Enfin l’étude confirme que les pays du Sud-Est du continent concentrent à eux, seuls 60% de la population mondiale touchée par l’extrême pauvreté. Madagascar, le Mozambique, la Tanzanie, l’Ouganda, l’Ethiopie et le Kenya partagent cette triste position des pays les plus pauvres. Malheureusement, selon la Banque Mondiale, le rythme de croissance du continent reste « lent et insuffisant pour avoir un effet significatif sur la réduction de la pauvreté », en raison notamment des inégalités structurelles. Pour 1% de croissance, l’Afrique réduit son taux de pauvreté de 1% contre 2,5 % dans le reste du monde. Les inégalités sont structurelles et les efforts individuels ne permettent pas de mobilité dans l’échelle sociale, constate l’étude.
Africa’s Pulse conclu qu’il est indispensable de mener des actions politiques transformatrices afin de s’attaquer aux inégalités profondes qui empêchent l’Afrique subsaharienne d’installer une croissance soutenue à long terme et de réduire véritablement la pauvreté. « La mobilisation des ressources intérieures et le soutien de la communauté internationale peuvent jouer un rôle dans l’atténuation des restrictions de financement dans la région. »