Lauréat du prix spécial du Jury de l’appel à projets Néofarming le Togolo Français Ayité Ajavon, créateur de Africube voit loin et pense qu’il peut prendre une place dans le marché très important du bouillon de cuisine, dominé par des multinationales, avec un produit sain, local, fait par des africains pour l’Afrique.
Citoyen du monde, engagé pour l’Afrique c’est peut-être ce qui pourrait définir Ayité Ajavon, ce Franco Togolais, qui a grandi en France à Rennes, mais qui à 18 ans est parti 10 ans aux Etats-Unis pour jeter sa gourme et réaliser son destin. « Cela m’a forgé l’âme », explique-t-il, « j’ai fait plein de petits boulots et cela m’a fait comprendre à travers la galère, la résilience et la valeur du travail qui sont le secret de la réussite. » Il a progressé petit à petit, d’homme sandwich à chef de rang, jusqu’à prendre des responsabilités d’encadrement. « Je suis revenu en France en 2005, peut-être pour faire une pause, mais aussi pour me ressourcer. Aux Usa pour des gens comme moi on bosse tout le temps, on est engagé à 200%. Le retour en France a été assez difficile, le, rythme plus lent, je me suis retrouvé confronté à une réalité forte en Europe, je n’avais pas de diplôme et même si j’avais été manager aux USA, la France est très conservatrice sur ce sujet. Mais mon côté bilingue et biculturel et ma capacité de travail m’ont permis de m’en sortir et de travailler dans le milieu bancaire et informatique. » Il rentre à la BNP et devient Service Delivery Manager, point focal pour, notamment, la branche middle east de la Banque.
Le retour au Togo et le sentiment de devoir accomplir quelque chose le hantent depuis quelques années. « Je tombe sur un article sur Facebook sur les dangers du cube culinaire Maggi qui est un produit très particulier, car c’est un produit qui est très majoritairement consommé en Afrique. »
Pourquoi un bouillon culinaire est-il rentré en quelques années dans la traduction culinaire africaine, c’est une véritable question ? « pour moi qui suis biculturel je vois bien qu’en Afrique on ne fait pas un plat sans en utiliser alors qu’en Bretagne jamais l’autre partie de ma famille n’en utilise. »
« Si vous tapez cube maggi sur google, vous allez vite voir que ce cube produit par des multinationales est véritablement néfaste pour la santé. C’est un produit synthétique à base de sel et de glutamate qui a finalement été créé pour les Africains qui en sont largement les plus consommateurs. »
« Je me suis dit, pourquoi ne pas créer un produit naturel avec des ingrédients africains qui pourrait remplacer ce mauvais produit et qui pourrait être produit en Afrique ».
C’est le début de l’aventure d’Africube. En 2014 Ayité passe un temps important sur les marchés togolais pour sourcer les épices avec une amie spécialiste du sujet. « On réalise des mélanges, des recettes … Au Togo tout pousse, le Gingembre, la muscade, le poivre, le soja…. On a fait beaucoup de tests pendant 1 an avec la famille, puis avec des restauratrices pour pouvoir réaliser un goût qui plairait et qui puisse être considéré comme un additif culinaire africain. »
En 2016 il démissionne de son travail en France et va acheter des machines en Chine pour pouvoir réaliser et emballer sa recette. L’originalité tient aussi dans l’emballage et donc dans sa façon de l’utiliser. « Nous avons fait un sachet de poudre pour que ce soit plus facile à utiliser, dans un bouillon pour donner du goût, mais aussi sur une omelette, dans une salade, en assaisonnement… Le sachet est beaucoup plus facile que le cube et il démultiplie les usages ».
« Le sel ne représente que 25% de la recette, c’est du sel des marais salants du Ghana à la frontière togolaise, séché au soleil, mis en mouture, il est mélangé à des épices naturelles et à d’autres ingrédients comme de la moutarde noire, à base de graine de l’arbre de Néré, graine bouillie, fermentée dans les villages du centre et nord du Togo par un groupement de femmes ». Totalement sans glutamate et parfaitement bon pour la santé, Africube est né !
La réussite est au rendez-vous… distribué au Togo, au Sénégal, au Bénin et même en France et aux USA, ce sont 23 personnes qui travaillent au quotidien dans l’entreprise, qui produit plus de 11 000 sachets par jour.
En 3 ans le travail accompli a été considérable et l’entreprise est prête aujourd’hui à passer au stade industriel. Ayité Ajavon compte déménager dans le nord du Togo en 2022. Cela lui facilitera l’approvisionnement et le séchage des ingrédients en s’éloignant d’une zone côtière humide.
Pouvoir acheter en plus grosse quantité pour ne pas dépendre de l’évolution des cours des matières, avoir des machines plus fiables, et bien entendu pouvoir communiquer plus fortement et pouvoir se positionner de partout dans les lieux de vente, telle est la feuille de route de Africube qui va rechercher des financements pour ses investissements . « Selon notre enquête informelle, au Togo seuls 30% des femmes connaissent la marque et 10% l’ont déjà utilisée. Notre potentiel est énorme. En Afrique de l’Ouest c’est 100 millions de cubes alimentaires de type Maggy qui sont consommés par jour ! Avec 2% de ce marché ce serait déjà une réussite fantastique. »
Des ingrédients sains, un produit fabriqué et sourcé localement, une démarche équitable, un produit fabriqué en Afrique… Africube a tous les ingrédients pour réussir ! C’est sans doute ce qui a séduit le jury de Néofarming composé de professionnels aguerris qui ont vu le potentiel de cette entreprise et son positionnement différenciant.
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