Le 19 décembre prochain, les Chiliens éliront leur nouveau Président. C’est l’occasion de revenir sur la stratégie commerciale du pays de ces dernières années. Pour renouer avec ses vieux partenaires commerciaux, le Chili a mis l’accent sur le développement des énergies renouvelables, le BigData ou encore l’intelligence artificielle. Une réorientation stratégique du commerce extérieur justifiée pour continuer d’exister comme partenaire privilégié du Vieux Continent.
Historiquement, l’économie du Chili est basée sur les exportations. Premier exportateur mondial de cuivre (producteur de 30% des réserves de cuivre), exportateur reconnu de produits alimentaires (fruits secs, produits de la mer, vin, miel), ses exportations représentent environ 30% du PIB.
Depuis une dizaine d’années, l’Asie est devenue le premier partenaire commercial du Chili, la Chine en tête. Toutefois, la crise du Covid-19 a rebattu les cartes et incité les autorités chiliennes à revoir leur stratégie commerciale. Le Chili adopte une politique de diversification notamment pour répondre aux nouveaux besoins des consommateurs européens, davantage soucieux des aspects environnementaux et sociaux.
Avec sa nouvelle feuille de route, le gouvernement chilien cherche à replacer le continent européen à l’épicentre de ses stratégies d’internationalisation. Par-delà les volumes exportés, le pays vise à maintenir l’Europe en tant que partenaire commercial privilégié incontournable pour rester à la pointe des exigences et des défis de la consommation de demain.
« L’agroalimentaire reste présent sur les aspects traditionnels mais nous mettons de plus en plus l’accent sur des projets durables et de qualité. L’accord bio que nous avons avec l’Europe depuis 2017 en est la preuve. Nous voulons que nos agriculteurs avancent dans des conditions de production de plus en plus responsables. » indique Ignacio Morandé, directeur de ProChile France, antenne du ministère des affaires étrangères, promotrice des exportations chiliennes à l’étranger.
Pour améliorer ses exportations en Europe, le Chili fait le pari de l’innovation associée à l’agroalimentaire. C’est le cas de Protera, start up chilienne qui a su s’implanter sur le marché français grâce à la combinaison de biotechnologie et d’intelligence artificielle au service de l’industrie agroalimentaire.
« Un pays très pauvre dans les énergies du XXè siècle mais très riche dans les énergies renouvelables »
Marqué par la pauvreté du pays en ressources fossiles, le Chili s’est tourné vers la production d’énergies renouvelables. Fort de ses 4 500km de côte, le Chili dispose de richesses naturelles abondantes. Le désert d’Atacama, au nord du pays, est le plus aride au monde et dispose du rayonnement solaire le plus élevé sur Terre. Cela favorise la production d’énergie solaire, à l’image de la centrale solaire et photovoltaïque Cerro Dominador à concentration de 210 mégawatts. En Patagonie, dans le sud du pays, le vent souffle fort ; une aubaine pour la production d’énergie éolienne. Pour Ignacio Morandé, le Chili « a la capacité de produire onshore ce qui est produit offshore dans les pays nordiques ».
L’atout du Chili réside dans sa capacité à offrir une énergie renouvelable à prix compétitif, grâce à des conditions climatiques exceptionnelles. L’hydrogène vert est d’ailleurs la tête de proue de cette réorientation stratégique. En novembre 2020, le président Sebastian Pinera avait annoncé un plan ambitieux visant à hisser son pays dans les trois premiers exportateurs mondiaux de cette énergie.
« Le Chili a compris le changement des modes de consommation, de durabilité, de consommation locale, les enjeux de demain. Le pays a décidé de prendre le devant par rapport à ses voisins sud-américains et de construire des synergies avec les marchés internationaux. » ajoute Ignacio Morandé.
En 2019, 43% de la production électrique est issue d’énergies renouvelables (contre 10% pour la France). La capacité d’exportation du Chili serait 60 fois supérieure à celle d’aujourd’hui.
Des accords commerciaux révélateurs d’une stratégie commerciale ouverte
L’économie chilienne s’est rapidement tournée vers les marchés internationaux. L’adhésion à l’APEC (Coopération économique pour l’Asie-Pacifique) en 1994 et les traités commerciaux avec plus de 65 pays témoignent d’une volonté d’ouverture économique du pays vers le monde. Enfin, la signature de l’Accord de libre-échange avec l’Union Européenne en 2003, est un marqueur fort et fait du Chili le premier pays d’Amérique Latine à entériner un tel accord avec l’UE.
Le pays aux dix-neuf millions d’habitants cherche à montrer qu’il est un partenaire de choix, fiable et de qualité, capable de répondre aux défis environnementaux d’aujourd’hui.
Les exportations françaises vers le Chili connaissent une forte progression. Elles ont augmenté de 51% en 2019 et atteint 1 617 milliards d’euros. Ces dernières sont tournées principalement vers le secteur aéronautique (+180%) et sont également en hausse dans les secteurs des produits pharmaceutiques, des cosmétiques et des parfums. Le 3 février prochain se tiendra le Symposium Douane. L’occasion d’évoquer les évolutions réglementaires et douanières entre la France et ses partenaires commerciaux.